Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
434
REVUE DES DEUX MONDES.

seconds lui rendent à chaque instant ces mêmes matériaux. L’atmosphère, tel est le réservoir où la nature puise et déverse toutes ses richesses, tel est le lien qui rattache l’un à l’autre le règne animal et le règne végétal.

La composition de l’atmosphère mérite donc toute notre attention. Cette couche gazeuse qui enveloppe le globe de toutes parts est essentiellement formée d’un mélange de 230 parties de gaz oxigène pour 770 de gaz azote en poids. Mais on y rencontre en outre en tout temps de la vapeur d’eau (hydrogène et oxigène), 4—6 dix millièmes d’acide carbonique (oxigène et carbone) et des traces de gaz des marais (hydrogène et carbone). De plus, elle renferme accidentellement quelques produits ammoniacaux (hydrogène et azote) et de l’acide azotique (oxigène et azote). Ces derniers produits sont très solubles dans l’eau ; les pluies en débarrassent facilement l’atmosphère, et les entraînent dans le sol où ils jouent le rôle d’engrais naturels.

Une fois sûrs de ces faits, jetons en terre une semence dont la composition nous est connue, et voyons par quelle succession de phénomènes le germe qu’elle renferme se transforme en humble plante ou en arbre majestueux. Dans l’un ou l’autre cas, nous ne saisirons aucune différence ; les mêmes lois engendreront des faits entièrement semblables. À mesure que le germe se développe, la graine mère se flétrit et s’atrophie : elle s’épuise pour nourrir l’embryon. Bientôt celui-ci enfonce dans le sol une frêle radicule, il épanouit au dehors ses premières feuilles. Dès ce moment, sa vie est assurée ; la graine se décompose et disparaît. Étudions le nouvel être. À mesure qu’il grandit, feuilles et racines se multiplient et sont le siége des phénomènes les plus apparens de sa vie. Les racines étendent au loin leur chevelure déliée. Un torrent continuel de liquide arrive par les radicelles, pénètre dans le végétal et le traverse pour arriver jusqu’aux feuilles. Ce liquide est de l’eau tenant en dissolution des sels de toute nature, mais surtout de l’acide carbonique, des azotates et des produits ammoniacaux : hydrogène, oxigène, carbone, azote, voilà ce que la plante va surtout puiser au sein de la terre. Que vont faire dans les feuilles toutes ces substances diverses ? Ici le résultat varie avec l’heure de l’observation. Le jour, nous voyons ces parties vertes du végétal exhaler de l’eau et de l’oxigène. La nuit, l’observateur recueille de l’eau et de l’acide carbonique. Cependant le végétal s’accroît ; il renferme évidemment beaucoup plus de matière que n’en contenait la graine qui lui donna naissance. Coupons-le, dessé-