Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/449

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
445
TENDANCES NOUVELLES DE LA CHIMIE.

qu’avec M. Adolphe Brongniart nous croyons avoir été rempli par le règne végétal dans ces premiers âges du monde. Un calcul très simple prouvera qu’il n’en est rien. Un géologue américain vient d’estimer à 600,000 millions de tonnes ou 600,000,000 millions de kilogrammes la quantité de houille que renferme la seule province de Pensylvanie aux États-Unis. Nous resterons sans doute encore au-dessous de la vérité en supposant que le reste du globe possède, en charbons fossiles de toute espèce, mille fois autant, et que le poids total de ce combustible peut être de 600,000,000,000 millions de kilogrammes. Admettons que le carbone n’entre que pour les deux tiers dans la composition de la houille, la quantité de cet élément sera de 400,000,000,000 millions de kilogrammes. Pour passer à l’état d’acide carbonique, le carbone des houillères exigerait 1,000,000,000,000 millions de kilogrammes d’oxigène, et le gaz acide carbonique produit pèserait 1,400,000,000,000 millions de kilogrammes. Dans cette transformation, la moitié environ de l’oxigène existant serait absorbée, et l’acide carbonique produit représenterait le quart du poids de l’atmosphère actuel.

Ainsi, pour se faire une idée de ce qu’a pu être à l’origine des temps la composition de notre atmosphère, il faut lui rendre par la pensée tout ce carbone, tout cet hydrogène que recèlent les houillères des quatre parties du monde, tout ce que retiennent à cette heure le règne végétal, le règne animal tout entiers, et sans doute aussi une bonne partie de l’acide carbonique des formations de carbonate de chaux. « De l’atmosphère primitive il s’est fait trois grandes parts, l’une qui constitue l’air atmosphérique actuel, la seconde qui est représentée par les végétaux, la troisième par les animaux. Entre ces trois masses, des échanges continuels se passent. La matière descend de l’air dans les plantes, pénètre par cette voie dans les animaux, et retourne à l’air à mesure que ceux-ci la mettent à profit. La matière brute de l’air, organisée peu à peu dans les plantes, vient donc fonctionner sans changement dans les animaux et servir d’instrument à la pensée ; puis, vaincue par cet effort et comme brisée, elle retourne matière brute au grand réservoir d’où elle est sortie. » Ces quelques phrases que nous citons textuellement résument la pensée générale d’un ouvrage que tout homme sérieux lira avec plaisir, grace à la forme dont l’auteur a su revêtir ses idées.

Parmi nos ouvrages scientifiques, la Statique chimique des êtres organisés présente une exception digne d’être signalée ; simple, clair et précis dans la partie technique, le style s’élève et s’ennoblit à me-