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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/450

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sure que les idées deviennent plus larges, que les déductions, en s’enchaînant, embrassent un plus vaste ensemble de faits. On suit, pour ainsi dire, M. Dumas dans la rédaction de son ouvrage. On le voit, tout entier d’abord à des détails un peu arides, absorbé par les graves préoccupations de la science pure, s’animer peu à peu en sondant ces glorieux mystères ; et, quand son intelligence lui révèle les lois qui rattachent et lient l’un à l’autre les êtres les plus éloignés, quand son esprit embrasse l’ensemble de ces rapports, son ame sait sentir, sa plume sait exprimer tout ce qu’il y a de poésie solennelle dans les harmonies de la création.

IV.

De tout ce qui précède, résulte une distinction tranchée entre les végétaux et les animaux. Mais la nature n’aime pas ces brusques passages : natura non facit saltus, a dit Linné ; et ici comme partout la règle générale présente des exceptions. Une surtout était trop remarquable pour ne pas être signalée par M. Dumas. Si, dans l’ordre ordinaire des choses, le végétal est un producteur, il peut changer de rôle et se faire consommateur. Alors, au lieu de fixer du carbone, de l’hydrogène, de l’azote, il exhale de l’acide carbonique et de l’eau, il dégage de la chaleur, et reproduit ainsi les phénomènes de la vie animale. C’est ce qui arrive dans tous les actes relatifs à la propagation. On dirait qu’ennobli par l’importance de cette fonction, il s’élève momentanément dans l’échelle des êtres : pour créer, pour se reproduire, la plante devient animal.

En revanche, il est des animaux qui, sous l’influence de la lumière solaire, décomposent à froid l’acide carbonique, retiennent le carbone et dégagent l’oxigène. Ce fait a été mis hors de doute par les recherches de M. Morren sur certains infusoires ; et comme si dans cette anomalie tout devait être exceptionnel, les animalcules qui lui ont surtout montré ce phénomène sont d’un beau rouge carmin, tandis que dans les plantes cette puissance de réduction n’appartient en général qu’aux parties vertes. Voilà donc des animaux agissant sur le milieu qui les entoure à la manière des plantes. C’est là une des mille preuves d’une vérité trop souvent oubliée. Des végétaux aux animaux la distance est moins considérable qu’on ne le suppose ; des rapports étroits rattachent l’une à l’autre ces deux grandes classes. Sans doute, il ne saurait y avoir d’incertitude pour rapporter