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ce volume la vie de Pascal tout entière, au lieu d’être obligé de la morceler comme il l’a fait, à notre grand regret, nous croyons que cette excellente biographie aurait dispensé de toute recherche ultérieure les écrivains qui se préparaient au concours ouvert par l’Académie française.

Ce grand nombre d’ouvrages, qui se distinguent tous à différens égards, ne pouvait qu’augmenter la difficulté de traiter d’une manière originale un sujet qui avait exercé des plumes aussi habiles. C’est là d’abord l’obstacle que devaient rencontrer les concurrens, et l’on conçoit que nous n’ayons nulle envie d’affronter le même danger ni d’exposer ici une vie racontée tant de fois et des travaux si souvent analysés. Ce n’est pas une nouvelle vie de Pascal que nous voulons entreprendre ici : c’est un examen de ce qui a été fait récemment et des points sur lesquels il fallait, à notre avis, principalement insister.

D’abord, pour parler du concours, il nous semble qu’en proposant l’éloge de Pascal l’Académie française avait surtout voulu remettre en honneur cette magnifique langue du XVIIe siècle, qui s’altère et se corrompt tous les jours davantage. La première chose que devaient donc faire les concurrens, c’était de lire et de méditer sans cesse les écrits de Pascal, non-seulement pour bien connaître ses travaux, mais aussi pour l’imiter et pour tâcher de rappeler du moins quelques-unes des grandes qualités de son style. Malheureusement, aucun des compétiteurs ne semble s’être livré à cette étude indispensable, et même, dans les discours qui ont partagé le prix, et dont quelques morceaux ont été lus en séance publique, on a pu remarquer des tournures et des mots qui ne sentent nullement la langue du siècle de Louis XIV. Dans un tel sujet, c’est là, à notre avis, un défaut capital, et qui peut à peine être racheté par les plus grandes beautés. Les discours couronnés n’ont pas encore été imprimés, et nous craindrions de ne pas en donner une idée exacte si nous voulions ici les analyser en détail d’après la lecture que nous avons entendue. On a déjà pu voir, dans la Revue, le rapport du secrétaire perpétuel, où les qualités et les défauts de ces discours étaient exposés avec une critique impartiale. Dans son éloge, dont le plan est irréprochable, M. Faugères a suivi pas à pas les travaux de Pascal ; il s’est ému au souvenir des luttes de cet esprit si passionné et si logique à la fois ; il a retracé avec une éloquente mélancolie les douleurs de cette grande ame que le doute poursuivit toujours, et qui s’épuisa dans ces terribles combats. Si l’on y rencontrait une touche