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dans un état ou personne n’y pût trouver à redire. Il ajouta que M. l’archevêque le prioit de ne le point débiter avant qu’il l’eût vu. Le sieur Desprez témoigna, de la part des parens et amis de M. Pascal, combien on étoit obligé à M. l’archevêque de Paris de ce qu’il s’intéressoit ainsi à la mémoire de M. Pascal ; et, comme on le pressa de nouveau pour avoir un exemplaire, il promit d’en porter ce jour-là même. Mais, ayant cru qu’il seroit bon qu’il vît auparavant M. Arnauld, il alla à l’hôtel de Longueville, où il le trouva avec son altesse Mme de Longueville, M. l’évêque de Comminges, les abbés de la Lane et la Vergne, M. Ragot, promoteur d’Alet, et quelques autres. Lorsqu’il eut exposé toute son affaire à la compagnie, on observa qu’il étoit à craindre que M. l’archevêque ne voulût se rendre maître des livres qu’on imprimoit à Paris, en ne permettant pas qu’on les imprimât qu’il ne les eût vus en son conseil ; que ce seroit établir une espèce d’inquisition, et qu’il falloit empêcher cela. Enfin on convint que M. Desprez irait incessamment porter le livre à M. l’archevêque. M. de Comminges dit qu’il sauroit bien le défendre à la cour et partout ailleurs, en cas qu’on voulût faire quelque chose contre.

« Le sieur Desprez, étant allé à l’archevêché, fut introduit dans l’appartement de M. l’archevêque, à qui il présenta le livre des Pensées de M. Pascal de la part de la famille, disant que, s’il lui eût été possible d’en faire relier un plus tôt, il n’auroit pas attendu que sa grandeur l’eût envoyé demander. M. de Perefixe lui fit d’abord un grand accueil, et ensuite lui dit qu’un très habile homme, ce n’est cependant pas, ajouta-t-il, un homme de notre métier, ce n’est pas un théologien (c’était M. de la Mothe-Fénelon), lui avoit dit qu’il avoit lu tout entier le livre de M. Pascal, qu’il étoit admirable, mais qu’il y avoit quelque chose qui pouvoit favoriser les jansénistes. Le prélat ajouta qu’il croyoit qu’il valloit mieux faire un carton que d’y laisser quelque chose qui en pût troubler le débit, et qu’il seroit fâché que cela arrivât, à cause de l’estime qu’il avoit pour la mémoire de M. Pascal. M. Desprez, après l’avoir remercié au nom de Mme Périer et de ses amis, lui dit qu’avec sa permission il écriroit sur cela à cette dame. Ensuite il avoua que ce n’étoit pas son métier de parler de ce que cette personne avoit remarqué, mais qu’il pouvoit représenter à sa grandeur que depuis long-temps on n’avoit examiné aucun livre avec plus de sévérité que celui-là, et qu’on avoit fait tous les changemens que les approbateurs avoient jugé à propos de faire ; et il ajouta que personne ne pouvoit lui en rendre un compte plus