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UN
POINT D’HONNEUR.

I.

— Enfin, ma bonne mère, disait Albert, tout réussit au gré de mes désirs. Le marbre docile obéit à mon ciseau ; ma persistance et ma ferveur ont surpris à l’art tous ses secrets. Mon atelier suffit à peine au nombre des visiteurs empressés, et mon temps aux œuvres qui le réclament. Grace au ciel, me voici délivré de cette inquiétude dont j’ai tant souffert, non pour moi, mais pour vous, pour ma sœur, qui m’appeliez à votre aide. Désormais mon appui ne peut plus vous manquer. — Chère sœur, ajouta-t-il en baisant au front une blonde et frêle enfant blottie tout auprès de lui : que ton innocence et ta grace répandent de charme sur ma vie ! Combien je suis heureux d’avoir fait un abri à ta faiblesse, d’avoir écarté de tes yeux l’image attristante de la pauvreté ! Les soucis eussent plissé ton front plus blanc et plus pur que l’ivoire. Si tu savais à quel point ils altèrent l’ame et flétrissent le corps ! Dieu les éloigne de toi jusqu’à ton dernier jour !

Ainsi parlait-il, et chacune de ses paroles éveillait sur le noble visage de sa mère un mouvement de satisfaction et d’orgueil ; cha-