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REVUE DES DEUX MONDES.

moyen de locomotion. Il faudra sans doute tenir toujours compte du voisinage de Paris. Il sera toujours absurde de juger des autres chemins, d’en apprécier les résultats par une simple règle de trois. Mais en faisant les corrections nécessaires au calcul comparatif, on pourra, sans tomber dans des erreurs grossières, avoir un aperçu suffisant des probabilités qu’offrent chez nous les entreprises de cette nature.

La lutte continue en Syrie entre les Turcs d’un côté, les Druses et les Maronites de l’autre ; cependant il paraît que les chrétiens et les Druses ont peine à s’entendre et à se concerter entre eux contre l’ennemi commun. Probablement l’hiver tout entier s’écoulera sans évènement décisif ; mais tant de causes de perturbation et de trouble s’accumulent en Orient, soit dans les parties intégrantes de l’empire, soit dans les provinces qui en dépendent par des liens plus ou moins étroits de vasselage, qu’il est difficile de croire que des évènemens graves n’éclateront pas au printemps. Il est certain du moins que la diplomatie aura devant elle une tâche compliquée et délicate, si réellement elle se propose de prévenir toute crise et d’arranger les affaires de l’Orient d’une manière satisfaisante et durable. Au fait, il est juste de le reconnaître, tout arrangement définitif est impossible, car nul ne peut aujourd’hui faire vivre en paix le Koran et l’Évangile, là où l’un ou l’autre se regarde comme le maître absolu du pays. Ce monstrueux accouplement n’est plus de notre temps ; le divorce est nécessaire. Il ne reste qu’une question, c’est la question de savoir si le nœud sera délié ou coupé.


REVUE LITTÉRAIRE.

Il n’y a pas en ce moment, dans les lettres, de ces mouvemens généreux qui emportent vers certaines régions de la pensée toutes les intelligences d’une époque. Comme ces fontaines des places publiques, dont l’eau coule éternellement avec un bruit monotone, le journalisme continue à verser sans intervalle, par ses mille tuyaux, la prose insipide et incolore du roman-feuilleton. Cependant nous ne sommes pas en droit de nous livrer à un découragement trop complet : quelques esprits n’ont pas renoncé aux sérieux efforts et aux entreprises de bonne foi ; n’est-ce pas beaucoup ? Quand on songe à la faiblesse de leur créateur, les créations humaines inspirent un intérêt mêlé de tristesse et d’étonnement. Quoi ! depuis tant de siècles, Prométhée ne s’est point lassé !

On annonce pour la fin du mois prochain une nouvelle tentative d’une intelligence à la fois patiente et impétueuse, qui persévère dans ses luttes intrépides avec toutes les difficultés de la poésie. La jeunesse d’aujourd’hui,