Soit. Mais parlons un peu des affaires générales. Vous qui recevez et voyez tant de monde, vous devez savoir mieux que personne l’état de l’opinion à l’égard du ministère…
Assez bon ; cependant… voulez-vous que je vous dise la vérité ?
Sans doute ; vous m’obligerez beaucoup.
Eh bien ! on trouve généralement que le cabinet ne fait rien pour ses amis… qu’il les néglige trop. Je ne parle pas pour moi ; mais, tenez, je viens de parcourir mon arrondissement, et j’y ai trouvé du mécontentement.
Est-ce qu’on y blâme notre politique ?
Pas le moins du monde ; excepté un journaliste sans abonnés et deux avocats sans cause, personne ne s’y occupe de politique.
Les intérêts matériels y sont-ils en souffrance ? La récolte a-t-elle été mauvaise ?
Elle a été magnifique.
Le gouvernement manque-t-il à quelqu’un de ses devoirs ? L’instruction publique est-elle négligée ?
Aucunement ; elle n’est que trop répandue. Tous ces demi-savans deviennent des raisonneurs ; on n’en peut plus venir à bout.
Ne s’occupe-t-on pas des routes ?
Si fait. Il n’y a plus un petit cultivateur qui n’ait des débouchés aussi faciles que le plus gros propriétaire.
À la bonne heure ; voilà la vraie et bonne démocratie. Mais de quoi se plaint-on ?