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FEU BRESSIER.

M. Morsy. — Pour frapper et étonner son esprit, pour voir si cet air qui, s’il est coupable, comme j’en suis sûr, lui apprendra que je sais tout, lui donnera de la confusion ; pour surprendre ses impressions.

Mme Morsy. — Eh bien ! moi, je pense qu’au contraire ce sera l’avertir de se tenir sur ses gardes et de surveiller ses paroles. Tu ne sauras rien.

M. Morsy. — Rapporte-t’en à moi.

Mme Morsy. — Pas le moins du monde. Si c’est lui, que comptes-tu faire ?

M. Morsy. — Paul n’est pas d’une plus mauvaise famille que nous…

Mme Morsy. — Tu lui donnerais Cornélie !

M. Morsy. — Dame ! s’il l’a prise, il faut bien la lui donner.

Mme Morsy. — Peut-être n’y a-t-il là qu’un enfantillage.

M. Morsy. — Je ne m’y fie pas ; Paul fait le timide, mais je l’ai vu dans cinq ou six occasions très hardi et très entreprenant.

Mme Morsy. — Avec des femmes ?

M. Morsy. — Non, mais c’est égal.

Mme Morsy. — Ce n’est pas égal du tout. Mais tu ne penses pas sérieusement à donner Cornélie à ce garçon, quand nous l’avons presque promise à Arnold, un parti si riche, un ancien ami ?

M. Morsy. — Ce n’est pas une raison parce que Arnold est notre ami pour que je le trompe indignement.

Mme Morsy. — Mais…

À ce moment, un domestique entra et apporta une lettre : — Monsieur, on attend la réponse.

M. Morsy. — Dites que je vais y aller ; que le messager aille m’annoncer. — Voici bien une autre affaire !

Mme Morsy. — Quoi encore ?

M. Morsy. — C’est une lettre de lui.

Mme Morsy. — Que dit-elle ?

M. Morsy. — Écoute :

Mon respectable ami,

« J’ai le plus grand besoin de vous. Hier j’ai dîné avec d’anciens amis ; ils ont trouvé joli et spirituel de griser un pauvre buveur d’eau que je suis, comme vous le savez ; puis ils m’ont laissé aller. De ce moment je ne sais plus ce que j’ai fait. Je ne me rappelle rien de-