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ce puissant réservoir. Les encaisses de la Banque n’augmentent pas avec les versemens du trésor, et par contre ils ne diminuent pas à mesure que le trésor opère le retrait des fonds déposés. « Au 31 décembre, dit le compte-rendu de 1840, l’encaisse se trouve dépasser de près de 20 millions celui du 6 janvier 1840, bien qu’à la première de ces époques le trésor fût créditeur de 170 millions, et qu’à la seconde sa créance se trouvât réduite à 114 millions. » Un autre fait non moins significatif est celui-ci : « Au 31 décembre 1839, la réserve en espèces s’élevait à 213 millions, dans lesquels les dépôts du trésor figuraient pour 169 millions, tandis qu’en décembre 1831 et 1832, époque où le trésor était débiteur de la banque, la réserve dépassait 265 millions dans la première année, et dans la seconde 281 millions. »

Il nous paraît donc constant que la Banque trouverait d’autres prêteurs ou commanditaires, à défaut du trésor. Elle gagnerait à ce changement d’établir un courant d’affaires plus régulier entre elle et le public, et elle redeviendrait ainsi ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, un intermédiaire entre les capitalistes, le commerce et l’état. Quant au trésor, s’il doit emprunter à quelqu’un, il vaut mieux que ce soit à la Banque, qui est le prêteur le plus commode et celui qui peut attendre le plus long-temps. En prenant à 4 pour 100 les fonds des caisses d’épargne, dont le remboursement est exigible à toute heure, pour les déposer sans intérêt à la Banque, qui n’en a aucun besoin, et qui prêterait bien plutôt à l’état sans l’obliger à tenir en caisse une réserve improductive, le gouvernement se livre à l’opération la plus détestable comme la plus insensée.

La prudence veut que l’on supprime ou que l’on diminue le compte courant des caisses d’épargne avec le trésor. Ces sommes seraient avantageusement remplacées dans la dette flottante par des bons à terme que l’on négocierait à la Banque ou aux particuliers. Quant aux fonds de l’épargne, pourquoi ne pas s’en servir pour développer les grands travaux d’ordre public ? Ce que l’état doit aux déposans, qui sont des membres de la classe ouvrière et par conséquent des mineurs, c’est sa garantie, ce n’est pas l’intérêt des fonds déposés. Que les chambres autorisent la caisse des consignations à prêter aux compagnies de chemins de fer à raison de 4 1/2 pour 100, et que l’état se rende garant du paiement des intérêts, ainsi que de l’amortissement ; cette combinaison aura le mérite d’accroître le revenu de l’épargne sans diminuer la sécurité des placemens. Dans un pays où les capitaux sont divisés et où ils ne peuvent rien que par