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Le rapport de lord Ashley embrasse l’industrie minière de tout le royaume-uni. Il fait connaître l’état de l’enfance et de la jeunesse dans la population ouvrière qu’occupe l’exploitation des richesses souterraines de l’Angleterre (the subterranean interest). L’industrie minière se divise, dans le royaume-uni, en deux branches bien distinctes : les mines de fer et de houille d’un côté, et celles de cuivre, d’étain, de plomb et de zinc de l’autre. La première de ces branches est celle qui a le plus d’importance et qui occupe le plus grand nombre d’ouvriers. On compte environ 30,000 travailleurs dans les houillères (collieries) de l’Angleterre et de l’Écosse. C’est là surtout que l’intervention du gouvernement était réclamée. Nous allons essayer de donner une idée de l’état où les commissaires chargés de l’enquête ont trouvé les travailleurs dans les mines de houille.

On connaît l’importance des houillères de la Grande-Bretagne. On sait que, sous la partie occidentale de l’Angleterre, s’étendent d’immenses et profondes couches de houille, si riches que les géologues les plus accrédités dans la science ont pu affirmer que vingt siècles d’exploitation ne suffiraient pas pour les épuiser. Les avantages dont l’Angleterre est redevable à ses houillères sont vraiment inappréciables. Sous le climat froid et humide du royaume-uni, le combustible est une des premières nécessités de la vie ; sans ses charbons, l’Angleterre aurait été obligée de s’approvisionner au dehors et à grands frais d’un article si indispensable, et qu’elle fournit à si bas prix à ses habitans ; car elle n’aurait pas assez de bois pour la consommation de combustible qu’exigent les besoins domestiques. Quelque considérable que soit à cet égard pour la Grande-Bretagne l’utilité de ses mines de houille, elle s’efface devant les immenses élémens de puissance que l’industrie britannique y a puisés. On peut dire que les houillères de l’Angleterre sont la base de sa prospérité industrielle et commerciale. Vainement aurait-elle possédé les mines de fer et de cuivre les plus riches du monde, vainement l’esprit industrieux de ses habitans aurait-il créé ces admirables machines qui ont mis entre les mains de l’homme les forces fabuleuses des Titans : ces élémens de puissance industrielle ne seraient rien sans la houille qui fournit la force motrice ; privée de ses houillères, l’Angleterre n’aurait pu atteindre dans le monde à cette suprématie commerciale et industrielle qu’aucune concurrence ne pourra lui enlever, à moins que le génie humain ne donne un jour aux machines un autre moteur que la vapeur. On a eu raison d’appeler les houillères de l’Angleterre ses « Indes noires » (black Indies) ; il est certain qu’elle y a trouvé plus de trésors que l’Espagne n’en a retiré des mines du Mexique et du Pérou.

Les personnes qui aiment le langage positif des chiffres pourront se faire une idée de la production et de la répartition des richesses houillères de l’Angleterre par les données suivantes. La consommation domestique absorbe annuellement 17,000,000 de tonnes. L’Angleterre produit annuellement 800,000 tonnes de fer qui consomment 4,000,000 de tonnes de houille. Les fonderies de cuivre emploient 500,000 tonnes de charbon pour la fonte