Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 1.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
388
REVUE DES DEUX MONDES.

ragée, est déjà en bonne voie d’exécution, et le premier volume, qui contient les Principes fondamentaux de la science de la connaissance, vient de paraître.

M. Peisse, qui nous a donné, il y a deux ans, les Fragmens d’Hamilton, et nous a mis ainsi au courant des progrès et de la transformation de l’école de Reid et Dugald Stewart, publie maintenant les Lettres sur la Philosophie de M. Galuppi[1]. M. Galuppi est un des écrivains les plus distingués de l’Italie, et il mérite d’autant plus les honneurs d’une traduction française, que ses ouvrages présentent la sûreté de méthode et la clarté d’exposition qui distinguent si éminemment nos écrivains nationaux. L’Académie des sciences morales vient de publier, dans le Recueil des Savans étrangers, un mémoire sur le système de Fichte[2], où M. Galuppi analyse et réfute l’idéalisme transcendental, et marque ses rapports avec les principales doctrines de la philosophie grecque. Un professeur de l’Université, M. Amédée Jacques, publie dans la même collection un mémoire sur le sens commun. Un autre, M. Bouchitté, a traduit le Monologium et le Proslogium de saint Anselme[3], et ceux qui aiment les rapprochemens pourront y trouver toute la doctrine de M. de Lamennais sur la trinité. L’enseignement de la philosophie est en pleine activité dans toutes les facultés nouvelles, qui déjà rivalisent avec les anciennes et propagent le rationalisme sur tous les points de la France. À Lyon, M. Bouillier a pris pour sujet de son cours la théorie de la raison impersonnelle. Il fait d’abord une énumération aussi complète que possible des idées de la raison ; puis il montre comment elles peuvent être réduites à une seule, l’idée de l’infini, dont la présence en nous est la preuve de l’existence de l’être infini. Loin d’être séparé du monde et de nous, Dieu est si près du monde, que le monde tire de la toute-puissance de Dieu sa durée, comme il en a tiré son être, et si près de nous, que notre intelligence n’est plus, si l’idée de l’infini en est absente. Mais si Dieu est avec nous, il n’est pas nous, et le monde n’est que sa créature, nécessairement distincte de lui. À Toulouse, M. Courtade a pensé avec raison que devant un auditoire

  1. Librairie de Ladrange, quai des Augustins.
  2. Mémoire sur le système de Fichte, ou Considérations philosophiques sur l’idéalisme transcendental et sur le rationalisme absolu, par M. Galuppi. Voyez aussi les Comptes-rendus de l’Acad. des sciences mor. et polit.
  3. Le Rationalisme chrétien à la fin du onzième siècle, par M. Bouchitté ; Paris, chez Amyot.