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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 juin 1843.


La session touche à son terme. Vainqueur dans les questions politiques, le cabinet paraissait moins heureux dans les questions d’affaires. Ses amis avouaient tout bas leurs inquiétudes ; leur confiance avait été ébranlée par les échecs qu’il avait essuyés dans les deux chambres. Que M. Guizot, disaient-ils persiste dans son dédain pour les petites choses, que M. Duchâtel s’endorme de plus en plus dans cette nonchalance qui, au point de vue personnel ne manque peut-être ni d’habileté ni de prudence, et la fin de la session ressemblera fort à une défaite pour le ministère, et tout le monde demeurera convaincu qu’il n’est pas en état de faire les affaires du pays. Tout paraissant en effet justifier ces prévisions, les ministres dirigeans se sont émus : une mort obscure, sans une crise éclatante, ne convenait à personne. M. Duchâtel et M. Guizot ont reparu sur la brèche ; le Palais-Bourbon a été acheté ; et nos établissemens dans l’Océanie auront les hommes et les fonds qu’on désirait leur envoyer. Il n’y aura plus, dit-on, qu’un combat quelque peu sérieux dans la chambre des députés, au sujet de l’effectif de l’armée de terre.

L’opposition est-elle bien conseillée dans le choix des questions ? Elle a fait rejeter la loi des monnaies, qui était nécessaire, urgente, et dont le rejet peut coûter quelques millions au pays. On a refusé un faible secours aux victimes des désastres de Pondichéry, comme si ces infortunés étaient responsables de la mauvaise administration des fonds de l’état et devaient en porter la peine.

Pour les établissemens dans l’Océanie, on ne pouvait élever sérieusement qu’une seule question : faut-il garder ou abandonner ces possessions lointaines ? Nous concevons que des hommes graves, que des hommes d’état, se prennent à blâmer des entreprises qui leur paraissent plus aventureuses qu’utiles, plus propres à susciter de dangereuses querelles qu’à nous procurer des avantages politiques ou commerciaux de quelque importance. Il est permis de désirer que MM. les officiers-généraux de la marine s’en tiennent strictement à leurs instructions, et qu’ils ne se croient pas seuls chargés