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droit de la juger, nous nous bornerons modestement à enregistrer ici quelques souvenirs personnels, et à reproduire quelques impressions de bonne foi, qui seront au moins complètement exemptes de tout esprit de parti, et de toute idée formée à l’avance sur les deux villes dont nous avons à parler. Nous déclarons en outre, ce qui est plus important, que nous n’avons nullement l’intention de rentrer dans l’examen de la question de la Plata, considérée au point de vue politique, et que nous n’en dirons rien ou presque rien. Ce n’est pas assurément que tout ait été dit sur la question de la Plata, et qu’il ne reste pas un grand nombre de faits intéressans à révéler, un grand nombre d’erreurs à rectifier, de mensonges à combattre, d’omissions à réparer. Il est très rare que tout soit dit sur les questions contemporaines. Mais, sans rechercher le pourquoi, on conviendra qu’un pareil examen ne répondrait à aucun besoin de l’esprit public en ce moment. Nous croyons donc devoir nous en abstenir. Néanmoins, comme nous ne voulons pas laisser le moindre doute sur notre opinion, nous dirons en peu de mots que nous tenons la question de la Plata pour bien et dûment terminée. Grace à la sagesse et à l’habileté de M. l’amiral de Mackau, la France a pu honorablement rétablir avec Buenos-Ayres des relations pacifiques et régulières, sans compromettre sa position ni son commerce à Montevideo, et en obtenant le seul résultat qu’elle ait voulu atteindre dès l’origine du différend, c’est-à-dire unr satisfaction pour le passé dans l’indemnité, une garantie suffisante pour l’avenir dans le traitement de la nation la plus favorisée. Toute la convention du 29 octobre est dans ces deux stipulations, qui ont mis fin à un état de choses de plus en plus embarrassant, qui ont rendu à la France la libre disposition de forces considérables, au moment où elle en avait le plus besoin, et qui ont dégagé ses intérêts du milieu de querelles étrangères à la sienne, dans lesquelles il eût été à désirer qu’elle ne fût jamais entrée. Telle est notre opinion sur la convention du 29 octobre 1840, et sur la situation fâcheuse, à tous égards, dont elle a été le remède ; opinion que nous nous sommes formée d’après une étude consciencieuse des faits sur le théâtre même des évènemens. Il en résulte que l’amiral de Mackau a rendu à son pays un très grand service, quand il a conclu la paix avec le gouvernement de Buenos-Ayres, en s’élevant au-dessus de toute considération autre que l’intérêt de la France et en rétablissant l’empire de principes salutaires qui avaient été trop méconnus. Vainement a-t-on essayé de faire prendre le change sur ce point à l’opinion publique. C’est une cause gagnée en