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DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN GRÈCE.

eu jusqu’alors occasion de s’exercer à l’enseignement public ; en outre, il était bien difficile de réunir un nombre suffisant d’étudians proprement dits, puisque les gymnases n’avaient pas encore reçu les développemens nécessaires.

De plus, on était presque complètement dépourvu de livres, de collections, d’instrumens de physique et d’astronomie. Il n’existait point de local convenable pour les cours. La seule maison d’Athènes qui, par ses dimensions, pouvait jusqu’à un certain point suffire aux premières nécessités, était d’un accès difficile et même dangereux en hiver et en été. Dans ces circonstances, plusieurs d’entre les personnes les mieux disposées en faveur de l’université pensèrent que cette institution était prématurée. Elles disaient qu’avant de songer à la création d’une université, on aurait dû d’abord organiser complètement les écoles secondaires, notamment les gymnases, leur donner le temps de mettre un nombre suffisant de jeunes gens en état de suivre les cours académiques, enfin profiter de la loi pour former des professeurs d’une capacité éprouvée. Mais, dit M. Schinas, ce système, assez raisonnable en apparence, a été pleinement réfuté par les faits. En agissant ainsi, on serait resté éternellement enfermé dans un cercle vicieux ; car, pour former l’université, il fallait organiser d’abord les gymnases et les écoles helléniques dans leur ensemble. Pour cela, on avait déjà besoin d’instituteurs et de professeurs ; or, ceux-ci ne pouvaient se former qu’au moyen de l’université. Il fallait donc renoncer une fois pour toutes à l’existence d’une université, même dans l’avenir le plus éloigné, ou se résoudre à commencer par fonder le plus tôt possible une université plus ou moins incomplète. En effet, le nouvel établissement ayant été ouvert le 3 (15) mai 1837, deux mois ne s’étaient pas écoulés, et déjà il était visible que cette création exercerait l’influence la plus heureuse sur la condition des écoles secondaires. Le nombre des élèves du gymnase et de l’école hellénique d’Athènes, qui, dans le précédent semestre, n’avait pas dépassé cent vingt ou cent quatre-vingts, s’éleva bientôt à huit cents.

L’université d’Athènes une fois fondée, on ne négligea rien pour remédier aux défauts que présentait cette nouvelle création. Le trésor public se chargea du traitement des professeurs, du loyer des bâtimens occupés ; il fournit les sommes nécessaires à l’achat des livres, des instrumens, etc. Ces objets furent aussi offerts en don à l’Université par des particuliers ; quelques-uns donnèrent des bibliothèques entières. Plus tard, d’autres personnes, parmi lesquelles