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DU MONOPOLE
DES TABACS.

I.

Chaque année, l’administration des tabacs publie un compte-rendu de ses opérations, et chaque année le chiffre toujours croissant de son bénéfice réel fait jeter des cris d’admiration à tous les journaux. On n’entend plus les plaintes que l’ignorance populaire ou les prétentions avides des spéculateurs élevaient autrefois contre un impôt que tout le monde est convenu de trouver juste et peu onéreux. Aussi nous ne venons rien ajouter à tout ce qui a été dit pour le justifier. Nous n’approuvons pas la consommation exagérée du tabac, et nous ne soutenons nullement la légitimité du système chargé de percevoir l’impôt qui pèse sur cette consommation ; mais nous croyons, comme Mirabeau, qu’il « n’y a pas d’impôt plus doux ni plus équitable… Il ne frappe pas une denrée de première nécessité, et il n’a pas, à la différence des autres impôts de consommation, l’inconvénient de peser sur le chef de famille qui a le plus d’enfans, c’est-à-dire en raison inverse de ses moyens. » Quant au monopole de la fabrication et de la vente du tabac, dont l’état s’est emparé afin de percevoir l’impôt admis en principe, nous ne saurions le considérer que comme une exception dont il faut éviter la généralisation. Nous