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REVUE DES DEUX MONDES.

Les départements où elle est la plus faible sont :

en poudre. à fumer. toute espèce.
Lozère 
106 gr. 38 gr. 144 gr.
Haute-Loire 
79 72 151
Charente 
126 35 161
Tarn 
128 35 163
Lot 
143 28 171
Gers 
126 43 167
Ariège 
127 47 174

Il résulte de ce rapprochement ce fait très remarquable que, dans les départements où la consommation individuelle est la plus forte, la consommation du tabac à fumer l’emporte de beaucoup sur celle du tabac à priser, tandis que précisément le contraire se présente dans les départements où la consommation individuelle est la plus faible. C’est que l’usage du tabac à priser est celui que l’on prend le plus facilement, et doit par conséquent dominer dans les contrées où la passion du tabac n’a pas encore pénétré. Lorsqu’au contraire on a vaincu le premier effort que demande l’usage de la pipe, le goût du tabac à fumer ne tarde pas à devenir dominant. D’autre part, l’usage du tabac à priser est en quelque sorte le privilége de la vieillesse, et dès-lors cet usage prend très peu d’extension. L’usage du tabac à fumer, adopté par la jeunesse et l’âge mûr, se répand beaucoup plus et s’accroît surtout dans les départements industriels où se trouvent réunis un grand nombre d’hommes voués aux travaux des manufactures. C’est à peine si, dans ces huit dernières années, la consommation du tabac à priser s’est accrue de 600,000 kilog., tandis que celle du tabac à fumer s’est accrue de près de 3 millions de kilogrammes.

C’est pour 94 millions 68,056 francs que la quantité de tabac consommée en 1840, pour 97 millions 948,984 fr. que la quantité consommée en 1841, et 100 millions 714,000 fr. que la quantité consommée en 1842 ont été vendues aux débitants. Ceux-ci les ont vendues aux consommateurs moyennant 108 millions, 108,600,000 et 109 millions de francs, en faisant un bénéfice de 14 millions, de 14 millions 600,000 fr., et 15 millions. En défalquant du prix de vente la valeur réelle de la quantité de tabac consommée, on trouve que le monopole revient aux consommateurs à environ 90 millions. Ainsi les consommateurs paient 6 fr. 26 cent. ce qui ne coûte qu’un franc à l’état considéré comme fabricant. Sur ces 6 fr. 26 cent., il y a 1 fr. pour frais d’achat et d’exploitation, etc., 79 cent. pour le débitant, et 4 fr. 47 cent. pour le trésor. La régie fait donc un bénéfice moyen de 447 fr. pour cent.

On conçoit que la valeur fictive si élevée que l’impôt donne au tabac a dû être un appât bien puissant pour l’introduction en fraude du tabac fabriqué à l’étranger. Quelque sévère qu’eût été la répression de la fraude, il n’est pas