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celui de la réparation, de l’indemnisation ; leur rôle devrait être celui de la direction, de la surveillance, de la protection.

Si vous rejetez l’organisation industrielle que nous proposons, parce qu’elle introduirait des changemens trop profonds et trop subits dans la situation actuelle des classes laborieuses, faites au moins pour toute industrie ce que l’administration des tabacs fait avec tant de sagesse. Elle sait combien elle doit fabriquer de kilogrammes de tabac, quelles quantités elle peut vendre dans tels ou tels marchés, et partant quelle doit être l’importance des fabriques exclusivement destinées à les alimenter. Elle sait parfaitement tous les débouchés où ses produits peuvent s’écouler, et tous les lieux où elle peut renouveler son approvisionnement aux prix les plus avantageux. Faites donc que tous les industriels français connaissent aussi tous les débouchés où les marchandises encombrées dans leurs magasins pourront s’écouler. Indiquez-leur non-seulement la consommation intérieure, mais encore la consommation étrangère. Que nos agens consulaires servent à la prospérité nationale en indiquant dans toutes les régions du globe les besoins de chaque peuple. Faites que tous les fabricans sachent ces choses, que l’administration des tabacs connaît si bien, et alors au moins ils ne pourront attribuer qu’à eux seuls les mécomptes qu’ils rencontreront. Sans doute, la rivalité est une puissance qui produit quelquefois de merveilleux effets ; mais que la rivalité dans l’industrie s’attache à doter la France et le monde entier de magnifiques produits, et qu’elle n’ait pas pour unique résultat la ruine des uns comme conséquence de la prospérité des autres. L’industrie française s’épuisera en de vains efforts si, dans ses diverses branches, il n’y a que lutte pécuniaire entre les rivaux. Il faut que chaque industrie forme un faisceau dont toutes les parties se soutiennent.


Toute puissance est faible à moins que d’être unie.


Barral.