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missionné, concurremment avec la compagnie qui vient de construire le chemin de fer de Paris à Orléans, la ligne de Paris à Châlons sur Saône, première étape de la grande ligne de Paris à la Méditerranée et il paraît que deux compagnies se disputent en ce moment le chemin de fer entre Orléans et Tours, que l’étendue relativement secondaire de son parcours rend plus accessible à l’association des moyens et des petits capitaux[1].

Ainsi, après de longs et vains débats sur la théorie des chemins de fer, l’ère de la pratique arrive enfin. Les chambres, qui ont consacré plus de quatre années à discuter ou à voter un système général, un réseau de grandes lignes, vont avoir à se prononcer sur les réalités mêmes de l’exécution. Le pays est disposé aux plus grands sacrifices, et attend avec une vive impatience le moment où on le mettra en possession de chemins de fer qui aient une autre utilité que celle de servir de promenade aux curieux. L’Europe, qui a devancé la France dans cette carrière, nous regarde à son tour avec une défiance mêlée d’ironie, prête à dire, si nos pouvoirs publics allaient reculer, que nous n’avons pas les qualités de la pratique, et que nous ne sommes plus qu’une nation de beaux parleurs.

La presse doit donc éviter ce qu’elle trouverait mauvais de la part des chambres. Cessons d’argumenter sur les théories, et abordons les faits. La question générale des chemins de fer a été bien ou mal résolue par la loi du 12 juin 1842 ; peu importe. Il suffit que cette loi ait déblayé le terrain et qu’elle ait écarté définitivement une difficulté qui avait paralysé jusqu’alors l’action du pouvoir législatif. C’est là son véritable titre au respect des populations.

Sans doute, la combinaison que les chambres ont adoptée a pris sous le feu croisé des amendemens, des proportions beaucoup trop gigantesques. Il valait mieux, selon la patriotique pensée de M. Duvergier de Hauranne, concentrer tous les efforts sur une seule ligne, celle de Dunkerque à Marseille, qui traversait la France du nord-ouest au sud-est, et qui avait 300 lieues d’étendue, que d’épar-

    française anglo-belge, par Watten. — Chambre de Commerce de Boulogne, deuxième lettre à M. le ministre des travaux publics. — Chemins de fer, ligne du Nord, lettre à M. Teste, par M. le comte Roger. — Vues politiques et pratiques sur les travaux publics, par MM. Lamé, Clapeyron, Stéphane Mony et Eugène Flachat. — Chemins de fer de l’Angleterre, par M. Bineau. — Chemins de fer belges, rapport présenté aux chambre le 2 juin 1842, par M. Desmaizières, ministre des travaux publics.

  1. Depuis que cet article est écrit, M. le ministre des travaux publics a présenté à la chambre des députés un projet de loi pour le chemin de fer d’Orléans à Tours.