Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
378
REVUE DES DEUX MONDES.

rapport les recettes de plusieurs chemins anglais, où la moyenne des dépenses n’excède pas en effet 50 pour 100 des revenus ; mais il ne faut pas oublier que les tarifs anglais sont infiniment plus élevés que les nôtres, et doivent donner par conséquent plus de marge aux bénéfices[1]. La Belgique, qui est pincée, dans l’échelle des tarifs, à l’extrémité opposée, en dépit d’une circulation très active, a vu les frais d’exploitation de son chemin de fer s’élever, en 1841, à 68 pour 100 du produit brut. En 1838, la proportion avait même été de 88 pour 100. En France, sur la seule grande ligne qui se trouve en exploitation, celle de Strasbourg à Bâle, privée, il est vrai, pour quelque temps encore de ses deux entrées, la dépense a égalé 70 pour 100 des produits.

Les dépenses d’un chemin de fer ne peuvent s’évaluer que de deux manières, d’après le nombre des kilomètres parcourus par les machines, et d’après le nombre des voyageurs ainsi, que d’après le poids des marchandises à transporter, multipliés par la distance parcourue.

Les chemins du Nord ont, nous l’avons dit, une longueur de 430 kilom. En supposant la distance entière parcourue en moyenne[2] chaque jour par 4 convois de voyageurs et par 2 convois spéciaux de marchandises, ce mouvement représente 12 convois, aller et retour compris, soit un parcours quotidien de 12 x 430 = 5,160 kilomètres,

  1. Nous empruntons à M. Daru la classification suivante des tarifs en usage sur les chemins de fer des diverses contrées de l’Europe, en les rapprochant du tarif demandé pour le chemin du Nord.

    PREMIÈRE CLASSE. DEUXIÈME CLASSE. TROISIÈME CLASSE.
    Angleterre 
    20 c. 5 par kilom. 10 c. 5 par kilom. » par kilom.
    Allemagne 
    10 6 6 7 5 c.
    Belgique 
    7 6 5 3 4
    France 
    10 7 5 5 4
    Tarif proposé 
    9 6 »

  2. Nous avons pris pour base du calcul des frais quatre convois de voyageurs pour l’aller et autant pour le retour ; mais comme il y aura des fractions de chemin, telles que la section de Paris à Pontoise, celle de Douai à Lille et à Roubaix, et celle de Douai à Valenciennes, qui nécessiteront cinq à six convois montant par jour et autant de convois descendant, nous inclinons à penser que la moyenne, marchandises et voyageurs compris, sera au total de quatorze convois. La somme des frais d’exploitation s’élèverait ainsi d’un sixième ou de 1,255,800 fr., et serait par conséquent non pas de 7,534,800 fr., ainsi que nous le supposons plus haut, mais de 8,790,600 fr.