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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/386

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REVUE DES DEUX MONDES.

M. Stephenson a suivie pour apprécier la recette, en recherchant ce que coûte un voyageur transporté à un kilomètre ? D’après M. Bineau, les frais sont de 7 c. 74/100 pour le Great-Western, de 6 c. 3/000 pour le Grand Junction, et de 6 c. 91 1/2 pour le chemin de Londres à Birmingham. Cette dépense excède la moyenne du tarif que l’on accorde en France pour le transport des voyageurs. Si les compagnies voulaient déployer chez nous le luxe qui se fait remarquer sur quelques lignes anglaises, la recette ne couvrirait donc pas les frais d’exploitation, et les tarifs seraient insuffisans.

Voici quelle a été, selon les rapports publiés par ces deux compagnies, la dépense d’un voyageur transporté à un kilomètre sur les chemins de Versailles et de Saint-Germain, non compris les droits du trésor :

1841 1841
Versailles 
4 c. 69 4 c. 34
Saint-Germain 
3 10 3 48

On voit que la dépense varie, sur ces lignes, de 3 c. 10 à 4 c. 69 ; la moyenne est de 4 c. environ. M. Daru l’évalue, pour les chemins de France, à 4 c. 90. Or, en multipliant les 112,247,985  kil. sur lesquels M. Stephenson a basé sa recette en voyageurs, par 4 c. par kil., on trouve une dépense de 4,489,919 fr., non compris les droits du trésor et les intérêts du capital. Ce calcul, en augmentant la dépense proportionnellement au nombre additionnel de voyageurs que nous avons admis, représente, à peu de chose près, la même évaluation que nous avons déjà donnée. Ainsi disparaissent les illusions que le projet des chemins du Nord avait fait naître. La ligne anglo-belge devient une affaire ordinaire, dans laquelle les chances de bénéfice sont raisonnables, mais qui a besoin, pour produire ces résultats, d’être administrée avec intelligence et avec activité.

Reste une dernière difficulté, celle des tracés. La loi du 11 juin, en déterminant la direction que doit suivre la ligne de Paris à la frontière belge, a laissé indécise la question de savoir de quel point de cette ligne artérielle se détacherait l’embranchement d’Angleterre, et à quel port de la Manche ou de la mer du Nord il devrait aboutir. Le projet de loi qui est devant la chambre satisfait très incomplètement à cette nécessité. Il ne dit pas d’où partira l’embranchement, si ce sera de Douai, combinaison qui allongerait le parcours, ou plutôt d’Arras, combinaison qui abrégerait les distances à parcourir, mais qui augmenterait les dépenses d’exécution. De l’une ou de l’autre de ces villes, le tracé se dirigerait à travers les plaines