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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/541

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LE TERRITOIRE DE L’OREGON.

ficultés présentes, et que de part et d’autre on cherchait à gagner du temps et à ajourner une détermination définitive, on dressa d’un commun accord une convention nouvelle, qui fut signée à Londres le 6 septembre 1827. Elle maintenait en vigueur l’art. 3 de la convention de 1818, avec cette nouvelle réserve que l’une et l’autre des parties contractantes avaient le droit de l’annuler en prévenant douze mois à l’avance, dans les formes accoutumées. Il y avait seulement cette différence, que les États-Unis, n’ayant pu faire accepter l’ancienne ligne de démarcation du 49e degré de latitude des Montagnes Rocheuses jusqu’à la mer Pacifique, déclaraient qu’ils se croyaient autorisés à réclamer la possession entière du territoire de l’Oregon, c’est-à-dire depuis la Californie jusqu’aux établissemens russes.

C’est sous l’empire de cette convention que s’est développée la situation présente. Depuis cette époque, des négociations ont été pendantes et n’ont amené aucun arrangement définitif. Aujourd’hui les Américains paraissent las de cet état de choses qui consacre leur infériorité et le mépris de leurs droits. Dans toutes les parties de l’Union, et surtout dans les états de l’ouest, voisins des Montagnes Rocheuses, les progrès de l’Angleterre ont excité une vive inquiétude ; l’orgueil national, une juste et honorable susceptibilité, ont réclamé, d’abord sourdement, aujourd’hui avec violence, contre ces empiètemens qu’une nation libre et fière ne peut tolérer sans déshonneur. On se demande si les titres des États-Unis ont perdu de leur valeur parce qu’on n’a pas encore pu s’entendre sur leur étendue. Les prétentions sont d’autant plus exagérées, qu’elles sont moins définies, et le gouvernement fédéral ne peut, sans s’exposer à de justes ressentimens, tarder davantage à résoudre cette grave et difficile question, et à satisfaire aux exigences qu’elle a fait naître.

Telles sont les nécessités qui ont commandé au président d’appeler l’attention du congrès sur ce sujet dans son dernier message. C’est pour obéir à ces sentimens impérieux que la commission des affaires militaires dans la chambre des représentans dont M. Pendleton, de l’Ohio, était l’organe, proposait, le 4 janvier 1843, d’assurer aux États-Unis la possession de tout le territoire de l’Oregon par une mesure efficace, l’établissement de postes militaires depuis les Montagnes Rocheuses jusqu’à la mer Pacifique. Exprimant l’opinion plus ardente du parti démocratique, M. Linn, du Missouri, a présenté dans le sénat un bill destiné à changer immédiatement les conditions présentes de force et de faiblesse des Anglais et des Américains