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LA RUSSIE.

plusieurs pièces pleines de sève et de vigueur ; Norwid, tout jeune encore, auteur d’un recueil de ballades populaires et de poésies fugitives, distingué par sa verve impétueuse et sa fraîche imagination ; il voyage maintenant en Allemagne et en Italie et nous avons remarqué que ses voyages avaient déjà donné un nouvel essor à son talent poétique. Czaikowski, occupé la plus grande partie du jour par ses fonctions administratives, consacre heureusement tous ses instans de loisir à des compositions pleines d’élan, et de bon goût. Nous devons nommer encore les deux comtes Albert et Léon Potocki ; le premier, lieutenant-colonel au service de Russie, est doué d’une imagination brillante ; le second est tout à la fois spirituel et léger, mélancolique et grave.

« À la place de la société des amis des sciences, supprimée par le gouvernement russe, il s’est formé en 1841 une réunion d’écrivains qui publient, sous le titre de Bibliothèque de Varsovie, un recueil littéraire périodique, le premier recueil de cette nature qui ait obtenu dans notre pays un réel succès. Nous avons essayé de rallier à cette publication tous les jeunes talens de notre pays ; notre but est de rassembler dans un même cadre tout ce qui peut donner à la Pologne une juste idée du progrès des arts et des sciences dans les autres contrées de l’Europe, et tout ce qui pourrait en même temps faire connaître et apprécier la Pologne.

« M. Balinski, historien distingué, est à la tête de la rédaction de ce recueil avec M. Szabranski, qui a dirigé pendant quelque temps le journal intitulé Panorama de Varsovie. Leurs principaux collaborateurs sont MM. Alexandre Kurtz et Sielenski : le premier a publié d’excellens articles sur l’économie industrielle ; le second, des articles de critique. M. Maiewski traite les questions de droit. M. Auguste Cieszkowzki, auteur de plusieurs ouvrages sérieux bien connus en Allemagne et en France, est un des rédacteurs les plus zélés et les plus importans de la Bibliothèque de Varsovie ; il lui a donné diverses dissertations sur la philosophie grecque, sur l’état financier de l’Angleterre, sur les salles d’asile des campagnes. Non content de coopérer ainsi par ses travaux au succès de cette publication, il lui consacre une partie de sa fortune ; il a donné à la rédaction de la Bibliothèque de Varsovie les moyens d’adjoindre à ce recueil périodique une série de traductions en polonais des principaux ouvrages étrangers ; déjà nous avons imprimé dans cette nouvelle collection plusieurs œuvres de Schelling, l’Histoire de la civilisation en Europe de M. Guizot, traduite par M. le professeur Bentkowski, et le Cours d’économie industrielle de M. Blanqui.

« Parmi les collaborateurs les plus utiles de la Bibliothèque, nous devons citer encore M. Casimir Woycicki. Infatigable investigateur de l’antiquité polonaise, il a publié un grand nombre d’ouvrages qui tous ont pour but de faire connaître à ses compatriotes le caractère, les mœurs de leurs aïeux. Dans un de ces ouvrages, il retrace avec art le tableau de la vie domestique des anciens Polonais ; dans un autre, il remonte jusqu’à l’origine et aux premières compositions de notre théâtre national ; enfin, il a recueilli nos anciens pro-