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l’Univers a déclaré, il y a huit jours, qu’il n’accepterait ni paix ni trêve. Quant à M. Desgarets, il dit dans sa lettre, que s’il y a des injures dans son livre, elles sont une conséquence immédiate et nécessaire des blasphèmes qu’il attribue aux professeurs de l’Université. « D’ailleurs, ajoute-t-il, les mots propres m’ont toujours paru préférables aux périphrases, et, dès ma jeunesse, j’ai fort goûté ce vers de Boileau :

« J’appelle un chat un chat, et Rollet un fripon. »

Certes, Boileau est un auteur très estimable, mais il me semble qu’il existe un livre qui, pour M. le chanoine Desgarets, devrait avoir encore plus d’autorité que les vers de l’auteur du Lutrin. Dans cet autre livre, que nous pourrions au besoin faire connaître à l’auteur du Monopole universitaire, il est écrit qu’on ne doit pas appeler raca son prochain. L’Évangile prêche la charité ; les néo-catholiques ne veulent pas respecter ce précepte fondamental : ce ne sont donc pas de véritables chrétiens. Que sont-ils alors ? Lisez les œuvres du père Garasse, monsieur, et vous le saurez.

Mais nos adversaires ne peuvent-ils pas se reconnaître à d’autres signes ? S’ils voulaient modérer leur zèle, s’ils pouvaient, par hypothèse, cesser d’injurier et de calomnier les gens avec lesquels ils sont en discussion, n’y aurait-il plus aucun moyen de les démasquer ? Si fait, monsieur ; à moins qu’on ne veuille fermer les yeux à la lumière, il est impossible de se laisser tromper. Quand on voit les doctrines décriées du probabilisme et des restrictions mentales se relever en France, quand on rencontre, dans des ouvrages destinés à l’instruction d’une jeunesse qu’il faudrait toujours garantir de la moindre souillure, toutes les infamies, toutes les turpitudes qui donnèrent une si triste célébrité à l’ouvrage de Sanchez, il faut se rendre à l’évidence, et reconnaître que les jésuites sont parmi nous.

Vous connaissez déjà probablement, monsieur, la morale de ces nouveaux casuistes, par des extraits qui ont paru dans les Débats et dans d’autres journaux. On y retrouve la plupart des maximes que Pascal avait si victorieusement réfutées dans les Provinciales. Ce sont deux ouvrages destinés à l’enseignement dans les séminaires, et dénoncés à la France dans un opuscule publié récemment à Strasbourg sous le titre de Découvertes d’un Bibliophile, qui ont fait ouvrir les yeux aux hommes qui ne veulent pas que la véritable mo-