Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/1037

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
1031
REVUE. — CHRONIQUE.

conseil-général de Saône-et-Loire. S’il est vrai que les conseils-généraux ont le droit de débattre ces questions de politique générale, il faudra bien en conclure que la question n’en est pas une pour tous les conseil-généraux, qui n’ont pas même imaginé d’en faire un sujet de délibération. La levée de boucliers de Mâcon ne sera qu’un argument pour le cabinet. Il y a plus : elle sera un avertissement pour les conservateurs, pour tous les conservateurs, même pour ceux d’entre eux qui ne sont pas les amis dévoués du ministère. Dès que ces questions vitales sont soulevées, les rangs se resserrent, l’armée se fortifie ; avant tout, on veut éviter une défaite, dût la victoire profiter à des généraux qu’on aime peu. M. de Lamartine apporte à l’opposition un magnifique talent ; peut-il lui apporter également un esprit pratique et une direction éclairée ?



TROUBLES DANS LE PAYS DE GALLES. — REBECCA ET SES FILLES.

Dans le même temps qu’O’Connell organisait toute l’Irlande dans une vaste association pour lui donner une législature indépendante de celle de l’Angleterre, une autre partie importante du royaume-uni se mettait, de son côté, en état d’insurrection ouverte. Pendant plusieurs mois, nous avons vu la principauté de Galles, ordinairement si paisible, abandonnée presque sans défense au libre arbitre d’une nouvelle jaquerie ; nous avons vu de grandes villes impunément envahies en plein jour, la justice distributive du peuple rendue en plein champ par des juges improvisés, et les lois défiées et violées publiquement par une population jusque là renommée pour son amour de l’ordre et son esprit d’obéissance. Le gouvernement anglais n’a pu clore la session parlementaire sans appeler l’attention du pays sur une situation aussi anormale, et les troubles de la principauté de Galles ont occupé dans le discours de la reine autant de place que ceux de l’Irlande. Toutefois, monsieur, la situation respective de ces deux pays ne saurait être mise sur la même ligne, et une seule considération suffirait pour en faire ressortir la différence. Ainsi, il n’y a eu en Irlande aucun acte de force ouverte, aucune atteinte directe à la légalité ; dans le pays de Galles, au contraire, la loi a été ouvertement et matériellement violée, et cependant Rebecca est loin de préoccuper et d’inquiéter le gouvernement anglais autant qu’O’Connell. C’est que les troubles de la principauté tiennent à des causes purement locales, qui n’ont aucune action même dans les comtés limitrophes, et il est à remarquer que c’est précisément dès l’instant où on a voulu les faire sortir de leurs premières limites pour leur donner un caractère politique et une portée plus générale, qu’ils ont commencé à décliner et qu’ils ont rencontré moins de sympathie et plus de résistance. Cependant, si ces singuliers évènemens ne