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QUELQUES VÉRITÉS
SUR
LA SITUATION EN LITTÉRATURE

Il y a quelques années, il a été fait dans cette Revue une sorte d’appel à tous les talens qui, nés à peu près en même temps que le siècle, se trouvaient approcher de l’âge toujours redoutable de la maturité[1]. Depuis lors le jeune siècle, comme on disait autrefois, s’est fait de plus en plus mûr, ou, si l’on aime mieux, de moins en moins jeune. Les années à tout âge vont vite, mais surtout celles du milieu. De plus en plus donc, chaque jour, on perd sensiblement de vue le port, le rivage, l’amphithéâtre du golfe bien-aimé, ces contours dont chaque point pour chacun sont marqués d’un regret, d’un souvenir. On a franchi la rade, on est en pleine mer, sur l’espace où l’on ne vendange pas ; le vaisseau file ses nœuds avec une rapidité monotone, et l’on ne compte plus. Qu’aperçoit-on, qu’espère-t-on à l’horizon, dans un prochain ou lointain avenir ? Aucune terre n’apparaît, aucune pointe d’île ne perce, aussi loin que la vue s’étend.

  1. Dix ans après en littérature, 1er mars 1840.