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quelques articles de moindre importance, place dans cette production dévolue aux besoins locaux. Les exportations de ces divers états consistaient en grains, bois, merrains, goudron, poix, porcs, bestiaux, chevaux, fourrures et produits de pêche. Ces articles servaient également au trafic qui se faisait avec les colonies tropicales étrangères, d’où l’on retirait du sucre, du rhum, du cacao, du coton, et enfin de l’argent qui venait à son tour solder les envois de la métropole.

Cet esprit d’industrie continuant à porter ombrage à l’Angleterre, le parlement, à la suite de ce rapport de 1732, recommanda au bureau de commerce de considérer les moyens à employer pour rejeter les colonies sur la production des articles qui pouvaient être utiles à la métropole et principalement sur celle des munitions navales. Une série d’actes particuliers fut la suite de cette recommandation. Tous avaient pour but d’entraver ou de décourager quelque branche de fabrication, par exemple, celles du fer, des chapeaux, et quarante années s’écoulèrent dans cette lutte sourde entre les pouvoirs de la métropole et les colons américains, qui regardaient les mesures dont ils étaient victimes comme autant d’atteintes portées à leurs droits naturels. Ces griefs contribuèrent, avec les exactions de la couronne, à développer les germes d’une désaffection qui se termina par la déclaration d’indépendance.

La Nouvelle-Angleterre et les états qui en sont voisins, et que nous avons désignés comme la section du nord-est, étaient le siége principal de l’industrie naissante que la métropole cherchait à comprimer ; les états du sud-est, à l’exception de la Virginie, n’étaient guère qu’agricoles. Leur climat plus doux y permettait le développement de cultures spéciales, qui, loin de faire concurrence aux produits de la Grande-Bretagne, lui fournissaient au contraire de nombreux moyens d’échange. Le tabac, le riz, l’indigo, en outre de nombreux articles produits concurremment avec le nord, servaient de base à un commerce important. Telle était la situation, lorsque vint à surgir la guerre de l’indépendance.

La mer, presque entièrement fermée pendant les sept ou huit années que dura cette grande lutte, ne permettait plus aux colonies américaines de recevoir leur approvisionnement accoutumé de marchandises d’Europe. Il fallut s’adresser à l’industrie imparfaite de chaque localité pour en obtenir les choses les plus nécessaires à la vie domestique ; il fallut surtout faire de grands efforts pour créer des armes et tout le matériel que la défense exigeait. Sans doute, à la