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TENDANCES COMMERCIALES DES ÉTATS-UNIS.

paix de 1783, ces états confédérés auraient dû persévérer dans cette voie ; mais le lien qui les unissait était encore trop faible. Chacune des anciennes colonies, jalouse de son indépendance, avait de la peine à se courber sous une législation commune. La maxime des négocians de Salem, que plus le commerce est libre, plus la prospérité est certaine, prévalut. Le tarif ne subit d’autre calcul que celui du revenu, et le peu d’élévation des droits entraîna des importations exagérées, hors de proportion avec la valeur des produits que l’on pouvait offrir en échange. Le numéraire apporté par les deux puissances belligérantes, la France et l’Angleterre, pour solder les troupes et les frais de guerre, et qui avait enrichi le pays, disparut bientôt. Il s’ensuivit une détresse universelle, la ruine des manufactures, de l’agriculture, et enfin du commerce, qui tomba victime de ses propres erreurs. Ces mesures désastreuses, et que la nécessité seule pouvait justifier, en furent la conséquence. L’année 1786 fut marquée par une insurrection qui mit en péril la société elle-même, et, après avoir été sur les bords de l’abîme, la confédération ne fut sauvée que par l’adoption d’une constitution nouvelle.

Cette constitution, qui sert encore aujourd’hui de lien aux états de l’Union, fut mise en vigueur en 1789, et le second acte passé dans le premier congrès fut le tarif des douanes. L’agriculture et le commerce étaient alors populaires, leur voix prédominante, et la cause des manufactures naissantes fut sacrifiée. Dans l’enfance de leurs établissemens, les fabricans avaient à lutter avec de faibles capitaux, un petit nombre de machines, peu d’expérience et une grande cherté de main-d’œuvre, contre leurs rivaux à l’étranger, qui possédaient en revanche des capitaux immenses, un crédit sans limite, une expérience de vieille date, une protection complète sur leurs marchés intérieurs, des salaires très bas, et en outre des primes et des encouragemens lors de l’exportation. Telle était la situation relative de l’industrie locale, lorsque la protection insuffisante qui lui fut accordée se réduisit au degré le plus bas. On en jugera en considérant que de 24,341,504 dollars de marchandises étrangères qui payèrent les droits à la valeur en 1789-90

21,742,291 dollars étaient taxés à 5 pour 100
1,587,365  à 7 1/2
1,004,367  à 10
5  à 12 1/2
7,576  à 15