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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 juillet 1843.


Nous entrons dans la saison morte pour la politique. On dirait, à l’apathie qu’on rencontre partout, sur toutes choses, que les esprits n’ont plus de sève, qu’ils se dépouillent et laissent tomber leurs idées comme les feuilles tombent en automne. La presse elle-même n’a plus ni fécondité ni énergie : en publiant tous les jours le même nombre de lignes, elle ne croit plus remplir une grande et noble mission ; elle paie une dette ; elle ne veut que s’acquitter envers ses abonnés.

Il y a là quelque chose de plus que ce besoin de repos qu’on éprouve chaque année à la fin de la session législative. Il y a pour tout le monde du malaise et un peu de dégoût : nul n’est content de soi ni des autres. La session n’aura été fructueuse et satisfaisante pour personne. Nul ne s’en trouve plus fort qu’il n’était ; nul n’en emporte de vives espérances et une vue nette de son avenir.

L’opposition ne peut certes pas se féliciter de ses efforts. Les conservateurs ont repoussé à peu près toutes ses tentatives. Les vieilles questions qu’elle a essayé de rajeunir n’ont trouvé de sympathie ni dans la chambre ni dans le pays. En les proposant à une assemblée nouvellement élue, l’opposition espérait peut-être des adhésions nombreuses parmi les nouveaux députés. Peut-être a-t-elle cru qu’il fallait mettre promptement à l’épreuve les esprits incertains et gagner de vitesse le parti conservateur. Le succès n’a point justifié cette politique. Ces questions étaient de vieilles questions, des questions épuisées pour tout le monde, et les nouveaux députés, la plupart du moins, étaient bien décidés à ne pas épouser des querelles qui sont désormais sans intérêt pour le pays. À tort ou à raison, le public ne veut plus entendre parler de réformes et d’innovations dans notre organisation politique. Il se dit que toute machine dont les rouages seraient, sous prétexte de perfectionne-