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sell, qui l’ont soutenue, de précieux aveux, soit sur les nécessités présentes du commerce anglais, soit sur les dispositions des nations étrangères à l’égard des doctrines économiques que l’Angleterre a récemment adoptées. « Est-ce que l’opinion publique, demandait lord Sandon, a pris dans les pays étrangers une direction favorable à la liberté du commerce ? Bien au contraire : nous voyons qu’à mesure que les institutions libérales se répandent sur le continent, les peuples se montrent moins disposés à recevoir de nous tout produit manufacturé qui peut faire ombrage chez eux au moindre intérêt local. » À chaque pas qu’a fait l’Angleterre dans la voie de la réduction des droits, les autres pays, disait M. d’Israeli, qui connaît bien le continent, ont augmenté leurs restrictions, et si leurs économistes sont convaincus qu’en excluant nos marchandises par des droits élevés, tandis que nous admettons les leurs à des droits nominaux, ils suivent un système favorable à la prospérité de leur pays, on ne saurait supposer qu’ils puissent abandonner une politique dont ils attendent de semblables résultats. Au contraire, plus nous relâcherons nos tarifs, plus ils élèveront les leurs. » Je doute qu’il suffise aux conservateurs de constater ces dispositions des nations étrangères pour répondre légitimement au cri des manufacturiers : « ne vous occupez pas de nous chercher des débouchés ; commencez d’abord par agrandir la somme de nos consommations, et laissez-les arriver sur nos marchés à leurs prix naturels, » que M. Ricardo a énergiquement traduit dans la formule suivante : Prenez soin de nos importations ; nos exportations auront soin d’elles-mêmes (take care of our imports ; our exports will take care of themselves). Si les manufacturiers et les whigs se bercent d’une chimérique espérance, lorsqu’ils se flattent de voir les nations étrangères abaisser leurs tarifs à l’exemple et dans l’intérêt de la Grande-Bretagne, ne peuvent-ils pas reprocher aux tories, avec une raison égale, de poursuivre dans les traités de commerce une fuyante et trompeuse perspective ? « Je demande à la chambre, disait lord Howick, de considérer simplement où nous en sommes. Pendant plusieurs années, les hommes les plus habiles des deux grands partis de ce pays ont été employés sans résultat à des négociations dont les plus importantes viennent d’être rompues. Plus on s’obstine à suivre cette marche, plus l’espoir d’arriver à quelque arrangement semble reculer. Et si l’on songe à la jalousie avec laquelle les nations étrangères voient notre prééminence commerciale et à la crainte qu’elles ont d’être débordées par nous, est-il un