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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/807

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LES ÎLES FALKLAND.

par la restitution, faite en 1771, de l’établissement anglais du Port-Egmont, dont les Espagnols s’étaient emparés l’année précédente. L’abandon de cet établissement en 1774 ne pouvait invalider les droits de la Grande-Bretagne, parce que cet abandon avait été la conséquence du système d’économie adopté à cette époque par le gouvernement anglais. D’ailleurs, les signes de possession et de propriété laissés sur ces îles, le pavillon britannique toujours flottant, et les formalités observées au départ du gouverneur anglais, étaient destinés à marquer le dessein de reprendre l’occupation dans un temps plus ou moins éloigné. Le ministre de la République Argentine reçut cette protestation, mais la tint soigneusement secrète.

Cependant l’établissement de Vernet à Soledad, ou Port-Louis, selon qu’on voudra lui donner l’ancien nom français ou espagnol, prenait des développemens. À la fin de 1831, il comptait déjà une centaine d’habitans, parmi lesquels on distinguait quinze gauchos commandés par un Français nommé Simon, qui formaient la garde du gouverneur, cinq Indiens, quinze noirs esclaves, et des aventuriers de toutes les nations, que Vernet avait amenés de Buenos-Ayres et de Montevideo. Mais il ne suffisait pas à Vernet d’être le maître absolu dans son île. Les baleiniers anglais et surtout les Américains continuaient de fréquenter ces parages, au mépris de ses ordres et de ses réglemens. Il se détermina enfin à faire usage des pouvoirs qui lui avaient été conférés, et le 30 juillet 1831, il s’empara par surprise du schooner la Henriette, de Stonnington, qu’il avait déjà forcé, en 1829, de s’éloigner des îles Falkland. Le mois suivant, il captura de la même manière deux schooners de New-York. Les peaux de phoques qui étaient à bord de ces navires furent immédiatement transportées dans les magasins de Vernet, et les munitions et approvisionnemens vendus à l’encan pour le compte du gouvernement argentin.

Déjà les États-Unis s’étaient émus des entraves apportées à la pêche sur les côtes des îles Falkland, et des vexations qu’y éprouvaient leurs nationaux. Des instructions avaient été transmises à M. Forbes, chargé d’affaires auprès de la République Argentine. Malheureusement M. Forbes mourut avant d’avoir pu les remplir. Vernet s’était rendu en toute hâte sur la Henriette même à Buenos-Ayres, pour y faire juger et condamner les capitaines qui avaient enfreint ses réglemens. Il y arriva le 20 novembre, et aussitôt le capitaine américain de la Henriette fit un appel au consul de sa nation, M. Slacum, demeuré par la mort de M. Forbes seul représentant des États-Unis. Celui-ci adressa immédiatement au ministre des affaires étrangères