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une note qui exposait les plaintes du capitaine de la Henriette. — Des deux autres schooners, l’un avait été délivré par son équipage, l’autre était employé à la chasse des phoques pour le compte de Vernet. — M. Slacum demandait en outre si le gouvernement comptait donner son approbation à la saisie de ces navires. Le ministre se contenta de répondre que cette affaire était encore dans les bureaux de la marine, et qu’après les formalités usitées, elle serait soumise au gouvernement. M. Slacum dressa alors une protestation contre toutes les mesures qui avaient été prises à la suite des deux décrets du 10 juin 1829, et contre la saisie des schooners. Il lui fut répondu que cette affaire avait été prise en considération, mais que sa protestation ne pouvait pas être reçue, parce qu’il n’avait pas qualité pour s’ingérer dans des questions de cette nature ; que les Américains n’avaient d’ailleurs aucun droit de propriété ni de pêche dans les îles Falkland, tandis que le titre de la République Argentine était incontestable. M. Slacum annonça alors que, si dans le délai de trois jours les décrets de 1829 n’étaient pas rapportés, et si on ne restituait pas la Henriette et tout ce qui avait été saisi à son bord, il allait envoyer aux îles Falkland le sloop de guerre américain le Lexington, qui se trouvait dans la rivière de la Plata, pour y protéger les navires de sa nation et user de représailles. Le ministre des affaires étrangères persista à refuser au consul des États-Unis le droit de s’ingérer dans cette affaire, qu’il affectait de considérer comme un différend privé entre Vernet et le capitaine de la Henriette, qui devait être jugé selon les lois du pays. Jusque-là, en effet, il avait soigneusement évité de rendre le gouvernement de la république responsable des actes de Vernet. Celui-ci n’est traité qu’une seule fois de commandant des Malvinas dans les lettres du ministre. Indépendamment de l’intérêt qu’avait la république, tout en approuvant la conduite de Vernet, à ne le considérer que comme un simple particulier, il faut remarquer que Vernet avait été nommé gouverneur des îles Falkland par le président Lavalle, renversé depuis par une révolution, et dont tous les actes avaient été déclarés nuls ; le gouvernement argentin ne pouvait donc, sans inconséquence, reconnaître à Vernet la qualité d’homme public.

La nouvelle de la saisie des sloops américains arriva aux États-Unis en novembre 1831, et fut communiquée au congrès par le président dans son message annuel. Le président annonçait que, le nom de la République Argentine ayant été employé à couvrir d’une apparence d’autorité des actes injurieux au commerce des États-Unis