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RÉPONSE À M. L’ARCHEVÊQUE DE PARIS.

cune école, aucun titre, aucun traitement. — Je m’indigne contre la ruse qui contrefait la sainteté. — Vous prétendez qu’ils dominent les évêques ; — j’aime mieux croire qu’ils les dominent que de penser qu’ils leur agréent ; — et il dépend d’eux de les congédier. — Que ne le font-ils ? le christianisme y gagnerait. — Ce qu’ils ne manqueraient pas de faire s’ils étaient aussi pervers que vous le dites. » — Nous disons que les maximes du corps sont perverses, nous l’avons démontré, nous attendons qu’on nous réfute.

Ainsi, on ne nous permet pas de séparer la cause du clergé français et celle du jésuitisme. On veut, à tout prix, assumer sur soi la responsabilité de cette société tant de fois maudite. Ce que nous élevons contre elle, le clergé se l’applique à lui-même : tant d’impopularité, une iniquité si patente, un héritage si monstrueux, ne l’effraient pas. Si nous nous obstinons à mettre une différence entre des choses que toute la terre avait jusqu’ici séparées, cette distinction nous est tenue à impiété. Est-ce bien là véritablement le dernier mot de l’église de France ? Cette parole que l’on peut encore retirer, a-t-on pesé tout ce qu’elle enferme de conséquences ? Identifier l’église de France avec le jésuitisme, c’est là quelque chose de si nouveau pour des oreilles françaises, que nous avons besoin de l’entendre répéter encore.

Vous témoignez au clergé du second ordre de vives sympathies ; est-ce donc en blasphémant contre sa foi ? — Nous avons pris la défense de l’esprit contre ceux qui veulent ruser avec l’esprit. Nous avons condamné le pharisaïsme moderne en nous servant le plus souvent des termes de l’autorité ecclésiastique. Nous avons préféré l’Évangile aux Exercices spirituels de saint Ignace, cela est vrai. Nous avons pu errer, quoique personne n’ait relevé une erreur de fait. Nous avons séparé par un abîme le christianisme de Jésus-Christ et le christianisme de Loyola. Dans tout cela, où est le blasphème ? et quels sont donc les termes que l’on évite, si ce sont là les termes pleins de modération et de bienveillance qu’on nous promettait en commençant ?

Pour réfuter ce qui a été dit de l’oppression du bas clergé, on objecte que peu de prêtres sont disposés à se plaindre. Il y a une bonne raison de garder le silence, quand la plainte vous est imputée à révolte. Que ne puis-je citer à M. l’archevêque les paroles navrantes des prêtres qui s’adressent furtivement à nous, et nous confient leur oppression, en nous suppliant de ne pas divulguer leurs noms ! La meilleure preuve de leur servitude désespérée est qu’ils recourent à nous. Que pouvons-nous pour eux, à moins d’achever