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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/849

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POLITIQUE FINANCIÈRE DE L’AUTRICHE.

D’autres charges annuelles, qui ne sont pas susceptibles d’évaluations positives, peuvent élever en moyenne le total des intérêts exigibles à plus de 46 millions de florins (120 millions de fr.).

Rapprochons maintenant, d’après M. de Tegoborski, le chiffre de la dette autrichienne de ceux qui concernent la Prusse et la France :

CAPITAL. EN FLORINS. EN FRANCS.
Dette de l’Autriche 
970,000,000 2,522,000,000
de la Prusse 
248,917,000 647,184,000
de la France 
1,772,892,000 4.609,519,242

Les charges d’un pays ne peuvent être appréciées que par rapport à ses ressources. Or, comparé au budget des recettes, le capital de la dette autrichienne équivaut à sept années du revenu public de l’état, celle de la France à quatre années, celle de la Prusse à trois seulement. La charge annuelle pour couvrir les intérêts et l’amortissement enlève en Prusse moins d’un sixième des revenus, ou environ 16 pour 100 ; en France, la proportion s’élève au-delà du quart, ou 26 pour 100 ; en Autriche, elle dépasse deux septièmes, et atteint à peu près 30 pour 100.

Il résulte de cet aperçu que la situation financière de l’Autriche, sans être brillante, est moins défavorable qu’on n’était porté à le croire sur la foi des publicistes qui ont précédé M. de Tegoborski. Ajoutons que la monarchie possède de précieuses ressources, et que l’administration, sévèrement renouvelée, se pique aujourd’hui de vigilance. Le budget des recettes est actuellement de 150 millions de florins. Dans un avenir peu éloigné, assure M. de Tegoborski, l’Autriche pourra porter son revenu à plus de 200 millions de florins (520 millions de francs) sans le mettre en disproportion avec les moyens contributifs des peuples. L’accroissement rapide des principales branches de la fortune publique vient à l’appui de cette opinion. En douze ans, de 1829 à 1841, on a vu doubler le produit des contributions indirectes : l’augmentation, qui porte principalement sur les droits de consommation, les douanes, le monopole du sel et celui du tabac, est de 36 millions 500,000 florins (près de 95 millions de francs).

La principale cause de l’infériorité financière de l’Autriche est la condition particulière des provinces hongroises. En Hongrie, en Transylvanie et dans les districts militaires, la noblesse, qui possède à peu de chose près la totalité du territoire, est exempte de toute imposition foncière, et de la plupart des contributions indirectes.