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d’aimable sensibilité dans la manière du voyageur, et ce n’est pas ici qu’il convient de le rappeler. Pour M. de Custine, nous reviendrons sur son livre ; les nombreux travaux dont la Russie a été le sujet méritent qu’on leur consacre une étude spéciale, et ce n’est qu’après avoir comparé entre eux ces documens divers, après les avoir soumis à un examen approfondi, qu’il sera possible de faire un choix, d’émettre un jugement, et de hasarder une conclusion. On le sait, les rapports de la Russie avec la France depuis 1830 ont été marqués au coin de l’amertume, et il ne sera pas sans intérêt de dire un mot à cette occasion sur les relations des deux gouvernemens.


— Le Théâtre-Français traverse une époque difficile sans se relâcher en rien de son activité. En dépit des chaleurs, les Demoiselles de Saint-Cyr attirent toujours un nombreux auditoire, et l’amusante comédie de M. Alexandre Dumas ne manque jamais de provoquer des rires de bon aloi. Les nouveautés ne font pas d’ailleurs oublier les reprises. Ainsi on a revu dernièrement une charmante esquisse où la main qui a dessiné Tartufe et Alceste donne en se jouant aux critiques de son temps des leçons d’urbanité et de bon goût, dont les critiques de nos jours feraient bien de profiter : nous avons nommé la Critique de l’École des Femmes. On prépare en même temps une autre reprise non moins intéressante, celle de Turcaret, le chef-d’œuvre dramatique de Lesage. Enfin, Mlle Rachel fait sa rentrée aujourd’hui même dans Polyeucte. La jeune tragédienne est au moment d’aborder un rôle nouveau, une des plus ravissantes créations de Racine, Bérénice. On assure qu’elle y déploiera sa supériorité accoutumée. Nous aimerions voir Mlle Rachel poursuivre activement ses études sur les grands maîtres de notre scène. Il est un rôle surtout que nous signalons à son beau talent, celui de Viriate dans le Sertorius de Corneille. Depuis bien des années, cette tragédie n’a pas été jouée. Ce serait à coup sûr une magnifique reprise pour le Théâtre-Français, et pour Mlle Rachel un triomphe de plus.

La saison d’hiver, pour les pièces nouvelles, s’ouvrira par un drame de M. Léon Gozlan, et par une comédie que termine en ce moment M. Alexandre Dumas.


V. de Mars.