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une vaste salle partagée en deux enceintes, l’une à l’usage exclusif de la justice, l’autre pour le public. Le juge occupe un siége élevé sur une estrade ; devant lui, mais à un rang inférieur, sont le commissaire de police qui fait fonction de ministère public, le greffier qui enregistre les dépositions, et le trésorier qui reçoit les amendes. En face et au milieu de la salle se dresse la tribune où comparaissent les prévenus ; elle communique avec la geôle par un passage souterrain. À la droite du juge, les agens de police occupent les bancs devant lesquels est placée la tribune (box) des témoins ; ceux de gauche sont réservés aux parties civiles. Le public se presse au fond de la salle sur l’amphithéâtre qui lui est destiné. Il y a toujours foule, et quelle foule ! Les assistans de la veille seront à coup sûr les patiens du lendemain.

Dans l’ordre des décisions, on appelle d’abord les contrevenans aux règlemens municipaux, ensuite les prévenus de crimes et de délits, et en troisième lieu les contestations civiles ; ajoutez que le magistrat donne ou refuse l’autorisation d’ouvrir un cabaret ou un salon, et cela d’après les renseignemens qui lui sont remis ; enfin il entend les personnes qui demandent à en citer d’autres pour obtenir le recouvrement d’une créance ou pour faire fixer leurs droits. Un seul juge, dans une même séance, a souvent plus de cent cas à décider.

La procédure en matière criminelle ou correctionnelle est, quoique sommaire, environnée de toutes les garanties. À Paris, un inculpé en état d’arrestation attend souvent trois jours avant que le juge d’instruction puisse examiner les charges qui pèsent sur lui et convertir le mandat d’amener en mandat de dépôt ou ordonner la mise en liberté. Encore cette procédure se passe-t-elle entièrement à huis-clos, le prisonnier n’ayant d’autre refuge que les lumières et l’équité du magistrat instructeur. À Liverpool, ainsi que dans les autres villes de l’Angleterre, tout constable peut mettre en liberté sous caution, à l’instant même où il est arrêté, un prévenu qui n’est inculpé que d’un léger délit. Dans tous les cas, le prévenu arrêté la veille ou dans la nuit a la certitude d’être interrogé et entendu le lendemain. L’instruction se fait sous les yeux du public. Le commissaire de police ou le greffier ayant expliqué en peu de mots les circonstances et les motifs de l’arrestation, le juge demande à l’inculpé son nom et sa profession ; si le prévenu a eu déjà affaire à la justice, le greffier de la geôle rappelle ses antécédens. Viennent ensuite Les dépositions des témoins ; ceux-ci, et les agens de la police