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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 décembre 1843.


L’Espagne a ranimé les espérances des hommes d’agitation et de désordre, et frustré encore une fois l’attente des amis d’une liberté régulière et progressive. Le fait le plus singulier, le plus bizarre, le plus incroyable, est venu tout à coup briser l’accord des partis constitutionnels, et donner le signal d’une lutte nouvelle. Toutes les combinaisons de la sagesse politique ont été dérangées, et l’homme qui paraissait appelé à réaliser enfin en Espagne les bienfaits du gouvernement représentatif en est réduit à se justifier, de quoi ? d’un fait à la fois énorme et ridicule.

À Dieu ne plaise que nous élevions la voix contre M. Olozaga menacé d’accusation. Que ses juges, si l’accusation est admise, l’acquittent ou le condamnent, nous accepterons leur verdict avec le respect qui est dû à la chose jugée. Est-il moins vrai, dans toutes les hypothèses, que M. Olozaga soit innocent ou coupable, que la marche des affaires politiques, que le développement régulier du gouvernement constitutionnel, ont été arrêtés en Espagne par un expédient de mélodrame ? car c’en est un que de forcer la main d’une reine à signer un décret ; c’en est un aussi que de perdre un ministre en lui imputant faussement une semblable violence. Nous ne voulons pas prononcer entre M. Olozaga et Mme de Santa-Cruz ; mais, certes, l’un des deux peut se vanter d’avoir ajouté un imbroglio des plus inattendus aux imbroglio du théâtre espagnol.

Laissons ce qui pourrait être matière d’accusation. Il reste un acte poli-