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DE L’ÉTAT PRÉSENT
ET DE L’AVENIR
DE L’ESPAGNE.

C’est aujourd’hui, 15 octobre, que s’ouvre à Madrid la session des chambres. Ce moment est décisif pour l’Espagne. Aujourd’hui se pose définitivement pour ce noble et malheureux pays la question de savoir s’il prendra rang parmi les grandes nations constitutionnelles, ou s’il est destiné à tourner dans un cercle éternel de révolutions, comme les républiques de l’Amérique du Sud. Toute l’Europe est attentive et va asseoir un jugement sur l’avenir de la péninsule.

Nous sommes de ceux qui espèrent beaucoup de cette crise. À nos yeux, le mouvement qui a renversé Espartero a eu plus que le caractère d’un pronunciamiento ordinaire ; nous y avons retrouvé tous les symptômes d’un élan véritablement national, l’unanimité, la promptitude, la force irrésistible, et, ce qui est plus significatif encore, la modération. Le régent est tombé aux acclamations de tous les partis sans exception ; il a eu contre lui les exaltés comme les modérés, les républicains comme les carlistes ; l’armée elle-même l’a abandonné, et il n’a été accompagné dans sa fuite que par les hommes