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LITTÉRATURE ANGLAISE.

THE IRISH SKETCH BOOK,
BY M. M.-A. TITMARSH.

M. Titmarsh, — ceci est un pseudonyme, — ou M. Thackeray, — voilà le vrai nom de notre voyageur, — appartient à cette classe de braves et honnêtes cockneys littéraires qui ont la faiblesse de n’aimer point à s’en faire accroire, et de raconter la vérité telle qu’ils l’ont vue, sans apprêt, sans ornemens ; fidèles à leurs impressions, à leurs préjugés même, et se souciant assez peu de l’opinion pour ne pas faire toilette au moment de comparaître devant le public. Ce gai compagnon est d’une franchise à toute épreuve. Il avoue qu’il voyage en véritable agent littéraire pour un des lords de Paternoster Row, c’est-à-dire pour un gros bonnet de libraire, qui, lui mettant un beau jour une centaine de guinées entre les mains, et lui promettant cinq ou six fois cette somme, l’a prié d’aller s’impressionner de la verte Erin, à raison de quatre mois et deux volumes. Beaucoup de nos écrivains accepteraient un pareil marché, mais combien peu renonceraient à colorer plus poétiquement leur voyage ! Il leur faudrait, — et à leurs lecteurs aussi, — une perspective plus favorable, un ajustement moins simple et plus apprêté. La fantaisie les poussait, nous diraient-ils, ou bien le besoin d’oublier. Quelques-uns ne seraient pas fâchés de se poser en hommes d’état futurs. Nous en savons qui vont s’assurer, aux confins du monde, du bruit qu’y réveille leur nom. D’autres voyagent à la recherche des ordres étrangers, comme Japhet à la recherche d’un père. Ceux-ci se font espions politiques au profit d’une opinion qu’ils n’ont pas ; ceux-là quêtent tout bonnement sur les bords de la Neva des dupes qu’ils ne trouveraient plus à Paris. Aucun ne nous initie