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LES ESSAYISTS ANGLAIS.

Le bavard et pédant Jacques Ier avait lui-même déchiré le voile en tout sens. À sa mort, il s’agissait de savoir comment allaient en effet s’accorder les droits du peuple et ceux du roi. La partie de la royauté passait aux mains de l’homme le mieux fait pour mener les choses aux épreuves extrêmes, au bout desquelles sont les solutions décisives. Charles Ier avait justement les qualités qui devaient lui rendre chères les prérogatives royales : une distinction d’esprit relevée et ornée par la culture des lettres et le goût intelligent des arts ; de l’application aux affaires, et ces grandes manières qui reflètent si bien la splendeur des royales destinées. Ses défauts le poussaient fatalement à soutenir ces prérogatives à tout péril : un caractère impérieux et obstiné, quelque chose d’étroit dans le jugement, dépourvu d’ailleurs de cette sagacité, de ce sens intuitif du possible qu’on pourrait presque appeler la faculté du succès. Élevé au milieu du conflit naissant, nourri de bonne heure de l’idée de faire triompher ce qu’il considérait comme ses droits, Charles Ier devait porter résolument dans l’action des théories qui n’avaient été chez son père que de ridicules bravades.

M. Macaulay a reproduit à grands traits dans son étude sur Hampden les diverses péripéties de la lutte constitutionnelle du règne de Charles Ier. Cette loi nécessaire du gouvernement matériel des sociétés, qui fait des finances publiques le confluent, pour ainsi dire, où tous les intérêts d’un état viennent se réunir, met naturellement aux prises sur le terrain des finances les influences qui se disputent la direction du gouvernement. Un corps dont le consentement est nécessaire pour la fixation et la levée de l’impôt a virtuellement le droit de le refuser, ou, en l’accordant, d’en contrôler l’usage, c’est-à-dire, en définitive, de juger les actes du gouvernement et d’exercer une influence réelle sur la conduite des affaires. Voilà ce que les controverses de Jacques Ier avaient fait clairement comprendre au parlement anglais, ce que, dès le premier moment, Charles refusa d’accepter. Il était en dissentiment avec ses sujets sur une question d’intérêt matériel et sur une question d’intérêt religieux. Les intérêts matériels réclamaient depuis le règne d’Élisabeth contre les concessions de monopoles, ce moyen ruineux pour la communauté, mais si commode pour le pouvoir, de se procurer immédiatement de l’argent ou de dispenser des faveurs, que l’on trouve employé partout où les ressources d’un peuple sont livrées encore aux gaspillages du despotisme. Les persécutions exercées contre les protestans dissidens avaient commencé aussi, dès la fin du règne d’Éli-