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DES
FEMMES MORALISTES.

LE MARIAGE AU POINT DE VUE CHRÉTIEN.[1]

Lorsque le duc de Saint-Simon, dans une page ineffaçable où il a poussé aussi loin que Tacite l’art de bien voir et celui de bien peindre, raconte ce qui se passa à la cour à la nouvelle si inattendue de la mort du dauphin, fils unique de Louis XIV, ne trace-t-il pas en raccourci, et sauf la vivacité des couleurs, un véritable tableau du monde ? Tous ces courtisans, jeunes et vieux, — ceux-ci dans la stupeur parce qu’ils vont tomber du haut de leur fortune si chèrement achetée, ceux-là dans une joie secrète parce qu’ils vont monter du même coup qui abat leurs rivaux, — s’épiant les uns les autres, cherchant à se deviner jusque dans les plus profonds replis de la pensée, afin de parer les coups qu’on leur destine et d’en porter qu’on n’attend pas, toutes ces passions en éveil s’étudiant pour mieux se combattre, cette promptitude des yeux à voler partout en

  1. Trois vol. in-8o, librairie de Delay, rue Basse du Rempart.