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ment fondée ! que de bruits légèrement accueillis, que de longues tortures pour détourner des coups incertains ! Richelieu marchait au milieu d’un appareil royal ; il avait une garde aussi nombreuse que celle de son maître, l’abord de ses palais était défendu par une police vigilante, et ses antichambres étaient plus remplies que celles du Louvre. Les premiers postes de l’état étaient occupés par sa famille ou ses créatures ; il venait, par le mariage de l’une de ses nièces avec le duc d’Enghien, d’assurer à sa vieillesse l’appui d’un prince plein d’espérance. Jamais sujet ne s’était élevé si haut sans usurper un trône, et c’est à cette hauteur même que des soucis qu’il n’a pas connus, que des craintes qu’il surmontait sans peine dans une plus humble condition, viennent empoisonner sa vie et le contraindre à trembler sur lui-même ! Il avait obligé son roi malade de passer le Rhône pour venir le visiter à Tarascon ; on l’avait vu, comme un despote d’Orient, traverser le royaume dans un palanquin porté sur les épaules de ses gardes, et les murailles des villes étaient tombées pour laisser passer sous son dais de pourpre l’infirme triomphateur. Pourtant, dans tout l’éclat de cette gloire et dans cet universel abaissement de ses ennemis, des inquiétudes profondes rongeaient

    furent prononcées par les cours de justice et par les commissions pour crimes de lèse-majesté ou de trahison. De ces quarante-sept condamnations, dix-neuf ne furent portées que par contumace ; elles atteignirent les ducs de la Vallette, de Guise, de Rohan, d’Elbeuf, de Roannès, etc., mais ces condamnations ne furent jamais exécutées qu’en effigie. Celles qui furent suivies d’une exécution sanglante sont au nombre de vingt-six, et se répartissent comme suit :

    Pour crime de haute trahison : le comte de Chalais, 1626 ; M. de Beauffort, gouverneur de Pamiers, 1628 ; le duc de Montmorency, 1632 ; les sieurs Deshayes, Cormenin, d’Entragues et de Capistran, comme impliqués dans la révolte de M. de Montmorency ; le vicomte d’Hautefort de l’Étrange, 1632 ; MM. de Cinq-Mars et de Thou, 1642.

    Pour crime prétendu de péculat, le maréchal de Marillac, 1632.

    Pour contravention aux édits royaux sur le duel, le comte de Boutteville et le comte de Rosmadec Deschapelles, 1627.

    Pour machination avec l’ennemi, le sieur Clausel, baron de Saint-Angel, 1636.

    Pour entreprises à main armée sur le territoire, le sieur de Hencourt et le capitaine du Val. 1638.

    Pour évasion d’un prisonnier d’état, le sieur Gaspard Boullay 1636.

    Pour faits prétendus d’indiscipline militaire, les sieurs de Saint-Preuil, de Montgaillard, Anisy et Saint-Léger.

    Pour imputations de sortilége et d’alchimie, Le Plessis, 1631 ; Gargon, 1633, Urbain Grandier, 1634.

    Enfin pour attentat contre le cardinal, les personnes dont les noms sont cités au commencement de cette note.