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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/883

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LE ROYAUME-UNI ET LE MINISTÈRE PEEL.

Sur le terrain des affaires étrangères, le ministère tory, il faut en convenir, maintint mieux sa position, et rien ne vint positivement effacer les échecs considérables qu’il avait fait subir à lord Palmerston. Cependant là encore il fut moins heureux pendant la seconde partie de la session. Ainsi c’est dans la seconde partie de la session que le protégé de l’Angleterre, Espartero, fut chassé d’Espagne avec si peu de gloire, et dut échanger les honneurs de la régence contre ceux d’une adresse de la corporation de Londres et de l’accolade du lord maire. C’est pendant la seconde partie de la session que lord Ellenborough, démentant toute sa politique de paix et de modération, s’empara violemment du Scinde sur des prétextes qui firent dire au Times comme au Chronicle que « la routine ordinaire de ruse, de conquête et de spoliation avait été suivie, et que l’œuvre commencée par la perfidie venait d’être consommée par la violence. » C’est enfin dans la seconde partie de la session que les affaires de Servie donnèrent lieu à un débat où lord Palmerston reprit ses avantages en accusant le gouvernement de faiblesse et de malhabileté ; et dans ce débat lord Palmerston eut pour associé son plus constant adversaire, M. d’Israeli, qui condamna la conduite du ministre « comme pitoyable et comme fondée sur une ignorance dont il n’y a pas de précédent. » C’était, pour un membre tory, une vive parole, et elle fut vivement relevée par lord Sandon, qui s’étonna que « derrière le banc de la trésorerie on traitât le gouvernement d’une manière si insultante ; » mais M. d’Israeli eut de son côté d’autres tories, notamment M. Milnes, qui, récemment revenu d’Orient, lui prêta l’appui de son expérience personnelle et de son jugement exercé.

Je ne dis rien du Canada, dont, pendant les derniers mois de la session, la situation parut aussi s’embrouiller. En donnant sir Charles Metcalfe pour successeur à sir Charles Bagot, le gouvernement avait positivement approuvé l’opinion vraiment libérale et constitutionnelle de ce dernier. Néanmoins, du moment que les deux Canadas restaient unis et devenaient vraiment égaux, il est clair que le siége du gouvernement ne devait être placé ni à Kingston ni à Québec, et que Montréal se trouvait naturellement désigné. C’est ce que pensa sir Charles Metcalfe, et l’on croyait l’affaire terminée, quand on apprit un jour que la race anglaise livrait une dernière bataille pour son ancienne prééminence, et qu’entre l’assemblée élective et le conseil législatif, espèce de sénat choisi par le gouverneur, il y avait dissidence et conflit. Si l’on en croit les dernières nouvelles, ce conflit est au moment de finir par la démission d’une portion du parti