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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/884

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REVUE DES DEUX MONDES.

anglais, et la bonne cause triomphera. Cependant il est possible qu’il en résulte pour le cabinet quelques embarras sérieux.

En somme, si sir Robert Peel a bien terminé les affaires mal commencées par ses prédécesseurs, et s’est fait ainsi beaucoup d’honneur, il n’est pas certain que, pour les affaires qu’il a entamées lui-même, il soit aussi heureux. En général, on lui reproche de ne pas assez s’occuper de l’extérieur, et de trop s’en rapporter à lord Aberdeen. S’il en était ainsi, ce serait une faute que plus tard il pourrait payer cher.

Il faut arriver maintenant à deux questions beaucoup plus importantes et qui pèsent tristement sur le ministère Peel en 1843. Je veux parler de la scission qui s’est opérée au mois de mai dernier dans l’église d’Écosse, et des progrès inattendus de l’agitation en Irlande.

Il y aurait une étude curieuse à faire du mouvement religieux en Angleterre depuis quelques années. C’est en effet un spectacle singulier et instructif que celui de ces deux églises établies, dont l’une se brise avec éclat à la suite d’une crise qui a duré huit années, tandis que l’autre est intérieurement travaillée par un schisme qui déjà a conquis le tiers de l’université d’Oxford, et qui menace de substituer l’anglicanisme de Laud à celui de Cranmer. À Édimbourg, l’homme le plus éminent de l’église écossaise, le docteur Chalmers, rompant à la tête de cinq cents ministres toute relation entre l’église et l’état, et constituant une église nouvelle d’après les principes du calvinisme le plus pur ; à Oxford, un professeur distingué, le docteur Pusey, suspendu de ses fonctions par l’autorité supérieure de l’université, comme inclinant au catholicisme, et ce professeur vivement soutenu dans sa disgrace par une foule de membres de la haute aristocratie, parmi lesquels on remarque lord Dungannon, lord Courtney, le juge Coleridge, et M. Gladstone, membre du cabinet ; puis, au milieu de tous ces débats intérieurs, les dissidens de toute espèce faisant des progrès incontestables, et, comme à propos du bill sur l’éducation, forçant le gouvernement à capituler quand le gouvernement n’a pas eu soin de s’entendre d’avance avec eux : voilà quels seraient les traits principaux du tableau. Mais c’est là un sujet trop vaste, trop intéressant, pour qu’on le traite incidemment, et je me renferme, quant à présent, dans la question politique. Il serait pourtant impossible de bien comprendre cette question sans quelques explications préliminaires.

On sait que, vers la fin du XVIIe siècle, l’église d’Écosse, après