de toutes les aspirations, de toutes ces souffrances, des partis qui s’agitent. Au lieu de réveiller entre l’église et l’état un déplorable antagonisme, il est plus sage et plus rationnel de constater que, dans des sphères différentes, leur mission est la même, que d’un côté comme de l’autre l’asservissement et le triomphe absolu sont impossibles, et, de ce point de vue, les devoirs de tous sont nettement tracés.
Dans toutes les questions qui s’agitent au sein de la société, alors même que l’on parle au nom des intérêts éternels, il faut toujours donner quelque chose aux passions humaines, et l’on conçoit les regrets du clergé quand on songe à tout ce qu’il a perdu ; mais il n’y a que les imprudens et les brouillons qui puissent rêver aujourd’hui, pour l’église, la domination qu’elle a exercée dans le passé, car, pour lui rendre ce que regrettent quelques-uns de ses membres, il faudrait une révolution aussi complète, aussi profonde que celle qui l’a dépossédée, et cette révolution est impossible. Il n’y a point place en France, comme en Belgique, pour un parti religieux. Le clergé pouvait légitimement aspirer à gouverner, lorsque, seul dans le chaos du monde barbare, il représentait l’unité, l’autorité morale ; aujourd’hui il n’a rien à faire dans le gouvernement de l’état. Son unique mission est dans le bien pratique, dans la charité ; c’est par les consolations de la vie, par les mystères et les espérances de la mort qu’il enveloppe pour ainsi dire la société : qu’il se renferme donc dans ce rôle supérieur qui doit satisfaire les ambitions les plus nobles et les plus hautes. En se plaçant en dehors des partis, quels qu’ils soient, il sera sacré pour tous. Aujourd’hui le catholicisme n’a point à rentrer dans le monde par la lutte ; il n’a rien à craindre du pouvoir temporel, il n’a rien à craindre du protestantisme : pourquoi chercher alors, par d’intolérantes provocations, à le mettre en état d’hostilité flagrante contre des idées, des institutions qui ont les sympathies du pays ? — Le clergé réclame une plus large part dans l’enseignement ; il la réclame au nom de la religion, de la morale, de l’avenir des générations nouvelles : de ce point de vue, son ambition est légitime, mais du moins qu’il la justifie ; qu’il s’élève par son savoir au niveau des autres classes. Sans chercher à dominer le siècle, qu’il marche avec lui, qu’il constitue quelques-uns de ces centres qui ont fait sa gloire ; qu’il nous rende, dans l’érudition, les bénédictins, dans les études classiques, l’Oratoire, dans les sciences spéculatives, Port-Royal ; qu’il s’appuie sur des écrivains, des orateurs réellement puissans. Il a de grandes vertus, qu’il ait aussi une science élevée, et la civilisation lui tendra la main comme à son allié le plus utile.
Quant au gouvernement, son véritable rôle, ce nous semble, est de rester fidèle à sa mission conciliatrice, qui est d’unir modérément les partis en les contenant. Lorsqu’elle a effacé l’épiscopat des aptitudes à la pairie, la révolution de juillet a montré que la séparation politique de l’église et de l’état était un fait accompli et irrévocable, et par là elle a rendu service à la religion elle-même, en replaçant le clergé dans l’église, c’est-à-dire dans le bien