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L’INDE ANGLAISE
EN 1843.

L’Inde a deux faces : l’une, tournée vers le passé, se cache derrière le voile mystérieux que déchira un instant le glaive d’Alexandre : l’autre, tournée vers l’avenir, s’éclaire de jour en jour d’une façon plus complète aux rayons que l’Occident projette sur elle. Dans ce curieux pays, une organisation moderne tout européenne, résultat de la conquête, se superpose à un régime social invariablement suivi depuis l’antiquité la plus reculée. Plus habile, mais assurément moins préoccupée d’idées civilisatrices que la nation dont elle a anéanti l’influence dans l’Inde, l’Angleterre, au lieu de reculer lentement les limites de ses possessions à mesure qu’elle a modifié le caractère et les mœurs d’un peuple soumis, se plaît, comme faisait Rome, à subjuguer province sur province, à décider du sort des rois barbares. Elle procède par voie d’agrégation : c’est au temps qu’elle laisse le soin d’assimiler les vaincus aux vainqueurs ; mais l’avenir lui appartient-il ? Comment donc asseoir un jugement sur l’état actuel de ce vaste empire, dont l’aspect change incessamment ? comment étudier sous son double point de vue cette contrée multiple, où tant d’élémens contraires sont en lutte ? Pour arriver à résoudre quelques-uns des problèmes que présente l’une des plus anciennes sociétés de l’Asie, matériellement gouvernée