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portraits (no 2192 et 2193), et particulièrement celui de Thalberg, tous deux parfaitement, quoique sérieusement, ressemblans.

On retrouve dans le petit caveau le David de M. Bonnassieux, qu’on a déjà vu dans une exposition des envois de Rome. C’est une figure du genre de celles qu’on appelle d’étude en langage d’école, mais qui ne manque ni d’élégance ni de distinction, ce qui n’arrive pas d’ordinaire à ses pareilles, sauf cependant la tête, dont le type, quoique évidemment très cherché, n’est pas heureux. On se souvient encore de cet Amour coupant ses ailes, sculpture d’un style discret, délicat et fin, que M. Bonnassieux envoya de Rome il y a quelques années : nous retrouvons dans son buste de la comtesse de C… (no 2163) les mêmes qualités, avec un peu plus de sévérité et de précision. Ce portrait, traité dans le goût antique, révèle une intelligence et un sentiment de l’art qu’on rencontre rarement dans ces centaines de marbres dégrossis d’après les recettes de l’atelier. M. Bonnassieux a la grace ; qu’il y joigne la force. L’union de ces deux choses est le beau, dit-on.

Sous le titre d’une Étude de jeune femme, M. Dumont nous donne, avec quelques variantes, une nouvelle édition du type de la Vénus d’Arles, ce qui ôte à sa statue le mérite de l’imprévu. Cependant, comme il y a toujours à gagner, surtout pour un homme habile, dans ce commerce intime avec les Grecs, la figure de M. Dumont a ce jet franc et juste de la pose et du geste qui donne tant de tournure aux statues antiques. Quant à la Pomone de M. Gatteaux, assez maladroitement placée côte à côte de la précédente, elle mériterait, selon nous, à plus juste titre que celle-ci, la dénomination modeste d’étude. Cette Pomone-là n’est pas assurément celle pour qui le beau Vertumne fit tant de folies.

On a fait aussi les honneurs du caveau à une Geneviève de Brabant, groupe en marbre de M. Geefs (de Bruxelles), d’une composition un peu tourmentée, mais cependant assez heureuse par le choix des lignes générales et l’agencement des figures. La pose de la figure principale est une reproduction assez littérale de celle de la femme de Caïn dans le tableau de M. P. Guérin qui est au Luxembourg. L’exécution fine, ou plutôt très travaillée, et peut-être aussi un peu molle, jointe à la grande variété des aspects créés par le jeu compliqué des lignes, donne à ce morceau une harmonie agréable, semblable à celle qu’on obtient en peinture par le clair-obscur. Il manque malheureusement d’une qualité qui, en sculpture, ne peut être suppléée par aucune autre, le style. Les portraits du roi et de la reine des Belges, du même artiste, sont également d’un travail très étudié, mais sans caractère.