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LE SALON.

Il y a aussi quelques animaux de grande et petite dimension, tels que : une lionne couchée, de M. Contour ; un jaguar, de M. Demay, pour lesquels une simple mention suffit ; un petit groupe en bronze (cerf pris par des chiens), de M. Mène, qui a le tort de rappeler les admirables compositions de M. Barye, à tout jamais proscrites par le jury ; quelques cadres de médailles et médaillons, dont un de M. Klagmann ; un grand crucifix en bois, de M. Dubois. Un grand nombre de bustes-portraits, parmi lesquels on doit distinguer ceux de Bartolini, de Florence (2162), de Mme Dubufe (portrait de M. Delaroche), de MM. Dantan, Debay, Louis et Joseph Brian, Desbœufs, Étex, Jouffroy, Maggesi, complètent cette exhibition sculpturale, une des plus faibles dont on ait mémoire.

II.

Peinture. — Cette longue halte dans la galerie des sculptures nous impose l’agréable obligation de réduire nos remarques sur les peintures au strict nécessaire. Nous ne faisons pas une statistique du salon ; elle est dans le livret. La critique n’est pas tenue de tout voir et de tout juger ; c’est là l’affaire du jury. Il y a au salon cette année plus de deux mille tableaux ou dessins, dont chacun a naturellement la prétention de se faire regarder. En présence d’une telle cohue de peintures et de noms, il faut bien se décider à de grands sacrifices. Nous allons donc résolument nous frayer un passage dans cette masse compacte, nous arrêtant un instant devant quelques rares toiles de choix, saluant de la main en courant quelques autres, et passant impitoyablement sur le corps de tout le reste. Ce procédé expéditif expose à des erreurs, mais nous pouvons positivement promettre de n’oublier aucun chef-d’œuvre.

La hiérarchie des genres, et à certains égards celle des talens, nous fait rencontrer d’abord le Christ au Jardin des Olives, de M. Chasseriau, artiste jeune encore, quoiqu’on l’en félicite depuis assez de temps, et dont les efforts constans et sérieux sont dignes d’intérêt et d’approbation. Cette nouvelle œuvre, sans être un progrès bien saillant, témoigne que ces efforts ne sont pas stériles. Ce serait, d’ailleurs, faire tort à M. Chasseriau, de mesurer la portée de son talent sur ce dernier ouvrage, lorsqu’on a une base d’appréciation bien plus large dans ses belles peintures monumentales de l’église Saint-Merry. Nous nous sommes assez expliqué sur nos scrupules à l’égard des représentations