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LES THÉÂTRES.

dérément. Le décret de 1807 en avait réduit le nombre à huit, sans compter les Italiens, qui alternaient avec l’Odéon. Le Cirque-Olympique, alors consacré presque exclusivement à des exercices équestres, fut rétabli en faveur de cette destination spéciale. La Porte-Saint-Martin obtint grace un peu plus tard ; mais ses vicissitudes devaient prouver bientôt que les calculs du décret primitif étaient en rapport avec les besoins du public. La Porte-Saint-Martin fut fermée pendant les années 1808 et 1810,1813 et 1814. Il restait démontré que Paris ne contenait pas une population suffisante pour alimenter dix théâtres.

Sous la restauration, l’accroissement de la population parisienne excusait une nouvelle concession de privilége. Le Gymnase-Dramatique fut ouvert en 1820. Ce théâtre prospéra, grace à une protection toute-puissante, à l’habileté de son directeur, au talent de M. Scribe. L’année suivante, une société d’hommes de lettres et d’artistes, obtint l’autorisation d’ouvrir le Panorama-dramatique, qui se soutint péniblement pendant deux à trois ans. Ce dernier privilége étant éteint par la ruine de l’entreprise, on permit l’établissement de la salle des Nouveautés, aujourd’hui exploitée par le Vaudeville, de sorte qu’en fin de compte, de 1807 à 1830, le nombre des théâtres n’a été augmenté que de deux.

C’est après la révolution de juillet qu’on a commencé à multiplier les priviléges hors de toute mesure, et sans aucune vue d’ensemble. En 1831 ont été autorisés le Palais-Royal, les Folies-Dramatiques, le théâtre Molière ; en 1832, le Panthéon ; en 1833, le théâtre Ventadour ; en 1835, la Porte-Saint-Antoine ; en 1837, le théâtre Saint-Marcel ; en 1841, les Délassemens comiques. Des salles ouvertes sans autorisation, dans la banlieue de Paris, furent fermées par mesure de police, et quelques-uns des entrepreneurs livrés aux tribunaux ; mais un privilége qui n’expirera qu’en 1857 avait entouré Paris d’une ceinture de théâtres. Consacrées naturellement aux genres qui satisfont les appétits grossiers de la foule, au vaudeville et au mélodrame, ces exploitations au nombre de douze, font refluer hors des barrières la population des quartiers excentriques, comme si on avait voulu que la débauche de l’esprit se trouvât à proximité des lieux où tout favorise la débauche des sens. On exigea la clôture de quelques petits théâtres clandestins dans l’intérieur de Paris ; mais on ferma les yeux sur la fâcheuse concurrence qu’un trop grand nombre de spectacles populaires ou enfantins établissait au préjudice des entreprises que la loi devait protéger spécialement.

En ce moment, 25 entreprises sur 28 qui sont autorisées, ou sim-