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REVUE. — CHRONIQUE.

la personne intéressée ou le mandat refusé ou la somme payée, en prélevant un droit de 1/2 pour 100 sur l’argent versé. On peut aisément se faire une idée des bienfaits d’une pareille institution et de l’extrême simplicité de son établissement. On n’a besoin de rien changer à ce qui existe pour la réaliser, et d’un jour à l’autre on peut la mettre en pratique.

Dans le discours qu’il a prononcé à la chambre des députés sur la proposition de M. de Saint-Priest, M. Lacave-Laplagne, ministre des finances, a reconnu enfin qu’il y avait quelque chose à faire pour améliorer le service des articles d’argent. C’est la première fois qu’un ministre des finances fait un pareil aveu ; de là à un perfectionnement réel, il faut espérer qu’il n’y aura pas loin. M. Lacave-Laplagne est trop éclairé pour ne pas voir ce que ses prédécesseurs se sont refusé à reconnaître, savoir que ce qui a été un progrès dans son temps est aujourd’hui dépassé, et que toutes les administrations publiques doivent marcher sans cesse pour satisfaire aux nouveaux besoins qui se manifestent de jour en jour. Le service des articles d’argent date de Colbert ; il n’a pas été remanié depuis qu’il existe, et cependant que de révolutions se sont accomplies depuis cette époque, non-seulement dans le gouvernement et dans la société, mais dans le crédit, les finances, la monnaie, le mouvement des fonds et la circulation des valeurs !


Le Journal de la Haye a reproduit dans un de ses derniers numéros le passage de notre chronique du 1er mai, où nous avons montré ce qu’était devenu, dans la pratique, le principe de la liberté d’enseignement en Belgique. La feuille hollandaise trouve le tableau fidèle sur tous les points, excepté un seul ; elle croit que nous nous sommes mépris quand nous avons dit en passant que, sous le régime néerlandais, « l’esprit protestant s’était immiscé dans les études qui forment le prêtre. » Nous avons sous les yeux deux articles où elle essaie de nous prouver notre erreur. Nous ne demanderions pas mieux que de la reconnaître ; mais ce n’est point légèrement que nous avons avancé ce fait. Nous avons étudié de près la lutte religieuse qui s’engagea entre le monarque et une partie de son peuple dès l’origine du royaume des Pays-Bas. Hollandais avant d’être roi, et dévoué comme toute sa dynastie à la cause protestante, Guillaume Ier trouva dans les provinces méridionales un clergé catholique hostile à la fusion de deux croyances et de deux nationalités contraires ; il s’irrita de ses résistances, et il n’est pas de moyens qu’il n’ait tentés pour la vaincre. Nous ne nions aucun des détails rappelés par le Journal de la Haye, mais nous ne pouvons admettre la façon dont il les groupe et les interprète. Guillaume Ier laissa percer dans toute sa conduite vis-à-vis du clergé belge une vieille rancune protestante ; cette rancune lui fit commettre d’irréparables fautes : ainsi il permit qu’on exposât le nom du prince de Broglie, évêque de Gand, sur le poteau d’in-